samedi 24 septembre 2011

Manger cru : L’exemple de l’Ukraine

Ex-pays du bloc soviétique, l’idée que l’on se fait habituellement de l’Ukraine est celle d’un pays froid, rendu inhospitalier par la catastrophe de Tchernobyl. Aussi, en arrivant là-bas, le touriste amateur de nourritures crues s’attend-il à manquer de choix, voire à devoir se contenter de nourritures de qualité médiocre. Quelle n’est pas sa surprise de constater que les étals des marchés sont aussi fournis en fruits et légumes de toutes sortes que ceux des pays tropicaux, et même d’y découvrir des variétés inconnues en Europe et ce, quelque soit la saison ! Une autre surprise l’attend lorsqu’il fréquente les restaurants. Ils proposent tous, dans leur menu, des assiettes, généralement bien garnies, de légumes crus, très goûteux, d’excellente qualité et préparés sans assaisonnement, celui-ci pouvant être servi à part. En dépit de toutes les apparences, on mange mieux et plus sain dans les restaurants de Kiev que dans ceux de Paris. Comment cela est-il possible ? L’agriculture industrielle est beaucoup moins développée en Ukraine qu’en France. Les terres agricoles sont très fertiles. Le climat, continental au nord, est méditerranéen au sud sur les bords de la Mer Noire. Enfin, l'amour du peuple ukrainien pour les arbres favorise la plantation de vergers. Chaque paysan Ukrainien a son verger, ses ruches pour assurer la pollinisation et son potager. De fait, la production fruitière est importante de même que celle du miel. La Bessarabie ne compte pas moins de 40.000 hectares de vergers où sont produites les espèces les plus délicates de pommes, poires, prunes, amandes, abricots, raisins, noix, amandes, etc. En Podolie les petits vergers paysans représentent à eux seuls plus de 26.000 hectares. Outre les pommes, poires et prunes, de nombreuses variétés de cerises y sont cultivées. La région de Yar du Dniestr, entre Khotin et Yampol, produit annuellement un demi-million de quintaux de fruits. Les régions de Podolie et de Bessarabie, produisent chaque année plus de 800 000 quintaux de fruits frais, 100 000 de fruits secs et 20 000 de noix et d'amandes. Les vergers luxuriants de la région de Tauria, qui couvrent plus de 7000 hectares sur les pentes nord des monts Laïla, produisent annuellement plus de 160 000 quintaux de fruits et 40 000 de noix. Dans cette région les plus fines espèces de pommes, de poires et de prunes s'épanouissent, de même que les abricots (4000 quintaux par an) et les pêches. Vers le milieu de mai, les cerises y mûrissent. Dans le milieu de Juin les abricots; à la fin de Juin les prunes et les poires précoces. Vers la mi-juillet des pêches et les premières pommes précoces. En août, viennent les premières des poires et pommes d'automne, et dans la première moitié de Septembre, les pommes d'hiver Au-delà de ces districts, la culture des fruits est pratiquée sur une grande échelle dans la région de Kiev et en Volhynie. Ici, dans ces régions plus froides, ce sont les espèces plus résistantes de pommes et de poires qui sont cultivées, ainsi que les cerises. Voici pourquoi sur les marchés des grandes villes du pays les fruits, les légumes, les miels sont abondants et diversifiés toute l’année. Cette passion Ukrainienne pour les arbres est une bénédiction pour la préservation de la biodiversité, lourdement mise à mal par l’agriculture industrielle dans nos régions. Elle montre aussi qu’il est possible, dans un pays au climat tempéré comme celui de la France, de se nourrir toute l’année de nourritures non transformées.