jeudi 31 décembre 2015

Savez-vous qu’aujourd’hui, alors qu’il existe 30 000 espèces végétales comestibles, les trois quarts de notre alimentation sont assurés par seulement 9 d’entre-elles et la moitié par les 3 principales que sont le blé, le maïs et le riz ?
Le graphique ci-dessous est issu d’un rapport de la FAO, paru en 2000. Il date un peu mais un rapport plus récent, de 2010, confirme et même dramatise : « La diversité génétique des plantes que nous cultivons et consommons -- et des espèces sauvages apparentées -- pourrait disparaître à jamais, compromettant ainsi la sécurité alimentaire future, à moins que des efforts extraordinaires soient déployés non seulement pour préserver la biodiversité mais aussi pour l'utiliser ».


Cette focalisation sur un nombre très réduit de ressources se traduit par de la production agricole de masse qui est la principale cause des déforestations, de l’érosion et de l’appauvrissement des sols. Les espaces naturels sont avalés par ces monocultures. Cet énorme gaspillage de ressources comestibles à l’échelle mondiale met gravement en péril la biodiversité. Si nous assistons à la sixième extinction massive, ce n’est pas à cause du réchauffement climatique mais à cause de l’agriculture. Le message de la FAO est clair, si nous ne réagissons pas c’est notre avenir et celui de nos enfants qui est menacé.

Il est donc primordial de remettre à l’honneur toutes ces ressources comestibles sous estimées ou ignorées. D’abord les sortir de l’anonymat, les décrire, les valoriser puis les remettre dans le circuit de l’alimentation humaine. Il y a urgence à agir et c’est la raison pour laquelle nous avons lancé NaturEdible. L’objectif de NaturEdible est de rassembler au sein d’un réseau planétaire ceux qui les étudient, ceux qui les protègent, ceux qui les produisent, ceux qui les distribuent et bien sûr ceux qui les consomment. Grâce au partage de nos compétences et de nos savoirs, c’est ensemble que nous pourrons organiser et structurer les productions nouvelles qui remettront ces comestibles dans nos assiettes.

La plateforme NaturEdible, en cours de construction, est conçue comme un outil collaboratif et multiculturel. Sa première version permettra de recenser les comestibles au sein d’un catalogue universel. Chaque comestible y sera décrit sous différentes approches : botanique, nutritionnelle, historique, mode de préparation, conservation, transport, etc. Ce sont les internautes eux-mêmes qui renseigneront ses différentes rubriques. Ils pourront même les traduire dans la langue de leur choix. Ainsi, un nutritionniste partagera son savoir sur les qualités nutritionnelles d’un comestible, un autre en précisera les caractéristiques botaniques, tandis qu’un autre s’attardera sur la manière de la consommer. De telle sorte qu’une même ressource alimentaire sera décrite par diverses personnes aux compétences complémentaires. Grâce à cette diversité d’approche et cette multiplicité d’intervenants d’horizons et de cultures différentes, ce catalogue devrait rapidement devenir une mine d’information inégalée. Forte de la participation de passionnés du monde entier, NaturEdible devrait s’imposer comme LA référence dans le domaine de l’alimentation humaine. Ce recensement est essentiel pour aborder la deuxième phase de notre développement qui consistera à tout mettre en œuvre pour que ces comestibles arrivent dans nos assiettes. Des fonctionnalités supplémentaires seront ajoutées à la plateforme NaturEdible pour accompagner leur adoption par des producteurs professionnels ou amateurs, pour faciliter leur distribution et les rendre accessibles aux consommateurs. Ce projet est ambitieux, certes, mais il n’est pas irréaliste. Il répond à la nécessité de déployer les « efforts extraordinaires » évoqués par la FAO. Ces efforts auront d’extraordinaire, non pas d’être insurmontables, mais d’être la somme des participations de chacun pour la convergence de leurs intérêts avec ceux de la planète.

Références FAO :
Problèmes d’éthique dans l’alimentation et l’agriculture
Biodiversité végétale: l’utiliser ou la perdre

lundi 30 novembre 2015

La cuisson est-elle une pré-digestion ?

On attribue à l’introduction de la cuisson des aliments d’avoir constitué pour l’être humain un avantage adaptatif déterminant au cours de son évolution voire d’être la cause de son hominisation. A l’appui de cette thèse sont souvent avancés des arguments portant sur l’assimilation, la digestibilité des aliments cuits, ainsi que sur la destruction des bactéries pathogènes et des composés toxiques par la cuisson. Le célèbre paléontologue Pascal Picq, maître de conférence au Collège de France, soutient depuis plus de 20 ans de telles thèses. Récemment dans un documentaire sur Arte intitulé « Le ventre notre 2ème cerveau », il tenait encore ces propos :
« La cuisson, c'est une pré-digestion. Grâce à la cuisson, on allège la charge de la mastication, donc on investit moins d'énergie dans l'effort physique, et deuxièmement, quand ça arrive dans le ventre, la digestion se fait plus facilement, et on récupère 16 fois plus d'énergie avec beaucoup moins d'investissement. Comme le 1° cerveau (l'intestin) a bien mieux fonctionné, le 2° cerveau (le cerveau) va en profiter et pouvoir se développer »
Une thèse que la crédibilité de son auteur a largement contribué à populariser. Mais sur quelles données scientifiques repose-t-elle ?

La mastication

Le premier volet de cette thèse concerne la mastication. En déstructurant les aliments, la cuisson les rend souvent, mais pas toujours, plus mous que nature. Cela signifie-t-il que l’effort de mastication épargné par la cuisson représente un gain d’énergie susceptible de constituer un avantage adaptatif ? On pourrait arguer en ce sens qu’elle aurait permis à nos ancêtres de mieux nourrir leurs enfants en bas âge. En effet, si le nouveau-né peut se nourrir exclusivement au sein de sa mère pendant les trois ou quatre premières années de sa vie, lorsqu’il est sevré, sa capacité de mastication est encore limitée. Selon cette hypothèse, la cuisson aurait ainsi pu contribuer à diminuer la mortalité infantile. Plusieurs faits la contredisent. D’abord la variété des ressources disponibles dans la nature. Elle est attestée par divers auteurs (Dunbar, Gamble et Gowlett) [1]. La plupart des aliments comestibles crus ont une texture suffisamment tendre pour être mastiqués par les dents de lait d’un enfant en bas âge. C’est le cas des fruits charnus qui constituent à eux seuls une source de nutriments suffisamment abondante et variée pour assurer la croissance d’un enfant. Pour les plus petits, en plus du sein maternel, nos ancêtres ont fort bien pu recourir au prémachâge des aliments. Cela paraît d’autant plus probable que cette technique s’apparente à des comportements observés chez diverses espèces animales. Elle présente l’avantage de favoriser la transmission de la flore bactérienne dont est dépourvu le nouveau-né à la naissance. Elle est très facile à pratiquer et permet de diversifier l’alimentation dès les premiers mois. Enfin est-ce un avantage que les aliments soient plus faciles à mâcher cuits que crus ? N’est-ce pas là un apriori sans fondement ? Une mastication plus énergique fait davantage saliver, ce qui est de nature à améliorer la digestion. Peut-être même que cette amélioration compense l’énergie nécessaire à la mastication. Les sites web consacrés à la santé ne disent pas autre chose. Par exemple sur doctissimo : « La mastication permet donc au système digestif de recevoir les aliments dans les meilleures conditions. L'aliment est d'abord réduit en petits morceaux et imprégné de salive. Cette salive, produite en grande quantité, ramollit la masse alimentaire et exerce en même temps ses propriétés chimiques grâce à des enzymes. Celles-ci sont des substances chimiques qui, à l'échelle moléculaire, coupent les différents nutriments (protéines, lipides et glucides) pour permettre leur absorption. »

La digestibilité

L’autre volet de la thèse de Pascal Picq concerne la digestion. Il est incontestable que la cuisson transforme les aliments. Bien sûr, certains nutriments sont mieux assimilés cuits que crus. C’est le cas par exemple des protéines du blanc d’œuf, du lycopène de la tomate. Peut-on pour autant parler de pré-digestion ? « Assimilé » signifie seulement que le nutriment en question passe dans le sang, pas qu’il répond à un besoin de l’organisme. L’alcool est l’exemple typique d’un produit facilement assimilable dont l’organisme n’a guère besoin. Il n’est même pas nécessaire de cuire, le simple fait de mettre en jus des fruits suffit à rendre leur fructose plus assimilable. En effet, dans le fruit entier le fructose est en quelque sorte encapsulé. Lorsqu’il est consommé entier, ni la mastication, ni les enzymes de la salive ne détruisent cette sorte de capsule. Le fructose n’est libéré que progressivement au cours de la digestion en fonction des besoins. L’extraction du jus, au contraire, fait immédiatement éclater cette protection, souvent à cause du contact de l’air qui produit une oxydation. C’est alors un flot de fructose immédiatement disponible qui se déverse dans l’organisme avec les mêmes effets que le sucre raffiné. C’est ce qui explique que la consommation des jus est corrélée avec une augmentation des risques de diabète alors que celle des fruits entiers est au contraire corrélée avec une diminution du risque. Il y a tout lieu de croire que des mécanismes de régulation similaires existent pour de nombreux autres aliments, comme par exemple les œufs ou la tomate. Il suffit juste d’être patient, la science en parlera bientôt.

L’énergie

La cuisson permet-elle de tirer davantage d’énergie en favorisant l’extraction des calories ? Des anthropologues [2] ont affirmé en apporter la preuve par une expérience sur des souris. Constatant la prise de poids au bout de 40 jours d’un groupe nourri au cuit par rapport à un groupe nourri au cru, ils en ont conclu que la cuisson est un moyen d’optimiser l’extraction des calories de la nourriture. Là encore, comme pour l’assimilation, l’interprétation des faits est orientée et abusive. En effet, cette prise de poids aurait tout aussi bien pu être interprétée comme un début d’obésité. C’est d’ailleurs ce qu’ont déduit des ornithologues en comparant les moineaux des champs et ceux des villes. Ces derniers se nourrissant essentiellement de restes de denrées humaines : pain, pâte à pizza, hamburgers, etc., sont en effet nettement plus gras que leurs congénères des champs qui se contentent de ce qu’ils trouvent dans la nature. Historiquement les données archéologiques montrent très précisément une détérioration nette de l’état sanitaire au moment même où la panification des céréales qui constitue une nouvelle source de glucides, se généralise au Moyen-Orient. S’il y a gain d’énergie, il s’est fait au prix de nombreuses pathologies : caries dentaires, maladies infectieuses. Mais est-il seulement démontré que la cuisson rend les aliments plus caloriques ? Ce qui est sûr c’est que la chaleur endommage ou détruit bon nombre de nutriments et provoque des cascades de réactions chimiques entre eux. Le système digestif doit alors déployer une énergie supplémentaire pour tirer quelque chose de ce fatras. De plus les composés moléculaires issus de ces réactions tels que les AGEs (Advanced Glycation End Products, en français produits terminaux de glycation) sont assimilés, c’est-à-dire qu’ils passent dans le circuit sanguin et vont se déposer un peu partout dans l’organisme. Ils étouffent les cellules, s’enkystent dans les interstices cellulaires, tapissent les artères, les rigidifient et les bouchent. Au final, l’organisme doit mobiliser énormément d’énergie pour lutter contre cette pollution. C’est ce qui explique les sensations de légèreté, d’absence de fatigue ressenties lors du passage au cru. A l’opposé total de ce qu’avance Pascal Picq, la cuisson ne facilite pas la digestion, elle la complique. Elle ne permet pas de récupérer davantage d’énergie, elle en mobilise au contraire énormément. Voilà ce que l’on peut conclure de l’expérience et des connaissances actuelles sur la nutrition.

La toxicité

Revient aussi souvent l’argument selon lequel la cuisson rendrait comestibles des aliments qui sont toxiques crus. Certains classent dans cette catégorie des légumineuses comme les haricots verts qui contiendraient de la phasine, un composé chimique capable de faire coaguler les globules rouges. D’autres y mettent des légumes comme l’oseille et les épinards à cause de l’acide oxalique qui peut provoquer des dommages rénaux. Mais, lorsque l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup d’approximations et/ou d’exagérations. Ainsi ceci lu sur un webzine sur la santé « Ne mangez jamais des haricots verts crus ! Cinq à six d’entre eux peuvent suffire pour tuer un enfant. ». Je n’ai pas la possibilité de vérifier la véracité de ces propos. En revanche, moi-même, ainsi que les membres de ma famille et d’autres familles crudivores pouvons témoigner que ces affirmations sont pour le moins, fantaisistes. Mes propres enfants mangeaient avec plaisir des haricots verts lorsqu’ils étaient petits, et bien plus que cinq ou six. De même pour les épinards consommés régulièrement dans la famille. Jamais il n’a été question parmi les familles crudivores que nous connaissons, de cas de malaises ou d’empoisonnement liés à la consommation des légumes crus habituellement utilisés cuits. Les végétaux qui s’avèrent effectivement toxiques cru le font savoir à leur goût. Ils sont immangeables. Et même si le fait de les cuire les rend moins toxiques cela ne préjuge en rien de leurs qualités nutritives réelles et de leur capacité à répondre aux besoins de l’organisme.

Conclusion

Le principal contre-argument à ces affirmations sur l’assimilation, la digestibilité ou la toxicité, c’est tout simplement la diversité des ressources alimentaires partout sur la planète. Elle est telle qu’il n’a jamais été nécessaire au genre humain de recourir à l’artifice de la cuisson pour des questions de survie. Même les Inuits qui vivaient dans le grand nord canadien ne cuisaient pas leur nourriture alors même qu’ils utilisaient le feu pour se chauffer. C’est encore plus vrai pour la région du Moyen-Orient. Pourquoi l’usage de la cuisson, le recours aux céréales ou au lait aurait-il pris naissance dans une région particulièrement giboyeuse et d’une extraordinaire biodiversité ? C’est une question qui intrigue les scientifiques et dont la réponse ne tient pas à des questions de survie. De ce côté-là, de nombreuses hypothèse ont été examinées (changement du climat, catastrophes naturelles, etc.) Aucune ne permet de corroborer des nécessités d’adaptation ou de survie qui auraient pu conduire nos ancêtres du paléolithique à recourir à la cuisson. Les motivations les plus probables sont sans doute à chercher du côté de l’esprit de curiosité particulièrement aiguisé chez l’être humain.


[1] Livre Lucy to Language de R. I. M. Dunbar, Clive Gamble, J. A. J. Gowlett, Université d’Oxford

La biodisponibilité du lycopène augmente à la cuisson 
 
Diabète de type 2 : les jus de fruits sur la sellette ?

Diabète : les fruits, préférez-les entiers !
 
[2] Anthopologues et souris
Biological Sciences – Anthropology : Rachel N. Carmody, Gil S. Weintraub, and Richard W. Wrangham. Energetic consequences of thermal and nonthermal food processing. PNAS 2011 108 (48) 19199-19203; published ahead of print November 7, 2011, doi:10.1073/pnas.1112128108

Les moineaux urbains menacés d'obésité

Produits chimiques dans l’alimentation : Comment y échapper ?

Du poison dans les légumes ?

samedi 31 octobre 2015

La cuisson a permis de diversifier l'alimentation. Vraiment ?

Voici ce qu’on peut lire dans une lettre de diffusion consacrée à la santé naturelle :

« La cuisson a permis à nos ancêtres de profiter d'un éventail de denrées bien plus large que celui auquel ils étaient habitués. En effet, certains aliments, toxiques lorsqu'ils sont crus, deviennent comestibles une fois cuits. Mastiquer nécessite moins d'efforts, les aliments sont plus digestes, les protéines et sucres complexes mieux assimilés. La cuisson détruit également les bactéries pathogènes qui, pour la plupart, ne survivent pas au-delà de 70°C.
Ainsi, il y a 2 millions d'années, la cuisson a donné à l’homme un avantage essentiel pour sa survie. »


Pour beaucoup, y compris des scientifiques renommés, ces affirmations sont des évidences. Mais sur quoi reposent-elles ? Attardons-nous sur la première. Nous reprendrons les autres dans de prochains billets.

Selon la première donc, la cuisson aurait permis de diversifier l’alimentation. Pourtant, lorsque l’on consulte une encyclopédie des fruits, on constate que l’éventail de denrées disponibles dans la nature est très large, de l’ordre de plusieurs milliers d’espèces et variétés, sans parler des multiples végétaux comestibles, des multiples espèces de gibiers, petits animaux, des fruits de mer, poissons, oléagineux, champignons, sans oublier bien sûr les miels, les sèves et autres sucreries naturelles. De la diversité alimentaire, il y en a quasiment partout sur la planète. Même dans le grand nord canadien elle a été suffisante pour assurer la survie de générations d’Inuits … qui mangeaient leur viande crue. S’il est courant d’entendre ce genre justification de la cuisson, c’est parce que cette diversité est largement ignorée. C’est aussi parce que l’abondance des rayons de supermarché fait illusion. L’alimentation moderne repose sur un échantillon relativement restreint de denrées. Il suffit pour s’en rendre compte de faire l’inventaire des composants de vos plats préférés. Leur composition repose pour l’essentiel sur quelques céréales, blé, maïs, riz, quelques légumineuses comme le soja, de la pomme de terre, de la tomate et de la viande de porc, de bœuf ou de volaille. En accompagnement à ces denrées de base, un échantillon modeste et minoritaire de légumes ou de condiments destinés à donner du goût. L’alimentation moderne, qu’elle soit fait maison ou industrielle tend à n’utiliser qu’une fraction des ressources comestibles que la nature peut produire. Dans le contexte de standardisation impulsée par la grande distribution, cette concentration s’exacerbe et se traduit par l’abandon de ressources existantes qui tombent rapidement dans l’oubli. Si vos oreilles sont attentives aux discours des écologistes, vous n’êtes pas sans savoir que l’industrie alimentaire privilégie un petit nombre de variétés au détriment des plus anciennes.

Si l’on remonte un peu dans le temps, avant l’ère industrielle, la diversité alimentaire était tout aussi mal exploitée. Jusqu’au début du 20ème siècle, le pain et les choux étaient les aliments de base des populations européennes. La consommation de fruits était indigente, 40kg par personne et par an en 1950, soit une petite pomme par jour. La diversité alimentaire était si pauvre que le moindre aléa, climatique ou autre, entraînait des périodes de disettes ou des famines. Les carences étaient fréquentes et sévères.

Si l’on s’intéresse à l’époque plus ancienne de la préhistoire, les traces laissées par les populations des périodes antérieures au néolithique font au contraire état d’une alimentation variée, riche en végétaux, en fruits et baies diverses, plus ou moins carnée selon les époques et les régions. Les humains de ces époques reculées étaient de constitution athlétique. Ils ne souffraient pas de malnutrition ou de dénutrition. Avec l’adoption de la cuisson au néolithique, cette diversité alimentaire se réduit au profit du blé panifié et des produits laitiers qui deviennent la base de l’alimentation. Cela se traduit par la déforestation pour l’élevage et la culture. Des découvertes archéologiques ont même montré que ces déforestations concernaient des zones giboyeuses et naturellement riches en ressources comestibles, notamment en fruits, zones qui sont devenues arides par la suite à cause de l’érosion. Ce phénomène a notamment été observé au Moyen-Orient et en Egypte. Si le néolithique marque le début d’une réduction de la diversité alimentaire, la cuisson en est-elle la cause ou la conséquence ? Jusqu’à présent aucune explication climatique ou géologique n’étaye l’hypothèse d’une raréfaction de la biodiversité qui aurait pu amener les populations à recourir à la cuisson pour diversifier leur alimentation. Ce sont, au contraire, les pratiques d’élevage et d’agriculture qui ont abouti à la déforestation et à la perte de fertilité progressive des sols, entraînant de facto une réduction des ressources alimentaires disponibles. Or, ces pratiques avaient justement pour but de produire les matières premières des nouveaux aliments, à savoir le blé panifié, les produits laitiers, les viandes cuites. On est loin de la raison invoquée par l’auteur pour justifier la cuisson. Non, la cuisson n’a pas permis de diversifier les ressources alimentaires.

L’idée qui sous-tend cette affirmation et qui est amplement confirmée dans l’affirmation suivante est que la cuisson a été un progrès en terme d’alimentation. Entendez par là qu’avant il était plus difficile, plus aléatoire de se nourrir, que cela demandait plus de temps et d’énergie. Autant d’affirmations qui méritent elles aussi d’être vérifiées. Ce sera le sujet de notre prochain billet.

Alimentation dans la préhistoire 

samedi 26 septembre 2015

L’alimentation moderne influence-t-elle notre humeur et nos comportements ... depuis le néolithique ?

Jamais l’alimentation humaine n’a atteint un tel degré d’artificialisation. Aliments lyophilisés, pasteurisés, UHT, irradiés, cuits à haute température, bourrés d’additifs, de conservateurs chimiques. Fruits et légumes hybridés, modifiés génétiquement, contaminés de résidus de pesticides, etc. Paradoxalement, alors que les effets néfastes de cette artificialisation en termes de santé publique sont patents, jamais les preuves scientifiques qui montrent que nous sommes beaucoup mieux adaptés à une alimentation sinon crue du moins peu transformée n’ont été aussi nombreuses. Les recherches progressent à grand pas dans le domaine de la digestion. Elles dévoilent chaque jour la complexité des mécanismes biochimiques qui sont en jeu. Des mécanismes inscrits dans nos gènes depuis la nuit des temps et qui sont parfois peu compatibles avec les nouvelles compositions moléculaires de l’alimentation transformée et aseptisée.

Nous devrions garder à l’esprit que ces mécanismes se sont mis en place à une époque où nos ancêtres humains et pré-humains se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient dans la nature à l’instar de ce que font tous les animaux. Ainsi, au cours des 99% de son histoire biologique notre lignée humanoïde a traversé des ères climatiques chaudes et glaciaires et s’est déployée dans tous les milieux du globe sans apprêter sa nourriture. C’est dans ce contexte que s’est formé notre système digestif. Ce n’est qu’à partir du néolithique que les choses ont changé, il y a de cela quelque dix millénaires, avec l’introduction du blé et du lait et la généralisation de la cuisson. Un changement progressif à notre échelle humaine puisqu’il s’est étalé sur environ deux millénaires. Mais un changement brutal et récent à l’échelle de notre lignée puisqu’il se réalise lors du dernier pourcent de notre histoire biologique. Nous pensons parfois que, jusqu’à l’époque moderne, ces changements n’étaient pas si importants et que nos aïeux s’y étaient adaptés, que ce sont surtout les nouveaux aliments modernes qui posent problème. Les traces relevées sur les ossements révèlent que dès le néolithique les nouveaux aliments et la cuisson ont eu un impact sanitaire négatif sur les populations : explosion des caries dentaires, apparition maladies infectieuses, etc. Alors qu’on n’en trouve aucune trace avant cette époque charnière du néolithique, les épidémies n’ont cessé de jalonner l’histoire humaine jusqu’à nos jours. Mais ce qui caractérise le néolithique, c’est aussi le changement radical de mode de vie, de vision du monde, de société. De chasseurs-cueilleurs plutôt pacifiques vivant en symbiose avec la nature, nous sommes devenus agriculteurs-éleveurs plutôt belliqueux et constamment en lutte contre la nature. Comment cela peut-il s’expliquer ? Le changement d’alimentation est-il la cause ou la conséquence de cela ? Sur ce point il n’existe pour l’heure aucun consensus scientifique. Néanmoins les récentes découvertes pourraient apporter un début de réponse.

Ce sont les recherches sur le microbiome, nouvelle appellation de la flore intestinale, qui pourraient lever un coin du voile. Notre corps héberge un nombre impressionnant de bactéries, environ 100 000 milliard soit dix fois plus que nous n’avons de cellules. Elles sont réparties dans différentes parties du corps mais le gros du bataillon est dans notre colon. Plusieurs centaines d’espèces différentes de bactéries et de levures y cohabitent et forment un écosystème complet qu’on appelle le microbiome (ou microbiote). On sait aujourd’hui qu’il contribue à la biotransformation des aliments, en particulier les fibres, et qu’il réduit le développement de la flore pathogène. Il participe aussi à la production de vitamines essentielles. Plusieurs équipes internationales de chercheurs ont fait d’étonnantes découvertes. L’une d’elle a montré que la modification du microbiome de la souris pouvait modifier radicalement sa personnalité. Une autre équipe de l'Université McMaster a apporté des preuves concluantes que les bactéries résidant dans l’intestin ont une influence sur la chimie du cerveau et le comportement. Ce sont des avancées spectaculaires de la génomique, une nouvelle discipline de la biologie moderne, et de l’informatique qui permettent aujourd’hui d’analyser la composition microbienne de l’intestin. Elle permet l’exploration d’un territoire jusqu’alors inconnu. Les chercheurs attendent de ces nouvelles connaissances une meilleure compréhension de la nutrition. Déjà, ils ont remarqué que les individus souffrant de maladies inflammatoires chroniques ou d’obésité ont un microbiome présentant une faible diversité d’espèces bactériennes et que cette diversité peut être améliorée par des corrections nutritionnelles simples. Autrement dit, il existe un lien entre l’alimentation et l’équilibre de cet écosystème particulier qu’est le micobiome intestinal. Un lien qui pourrait expliquer des modifications de notre humeur, voire de notre personnalité. Il n’est pas exclu qu’on puisse à terme confirmer que ce lien explique la corrélation entre le changement d’alimentation amorcé au néolithique et les changements de comportements humains qui l’ont accompagné. Et comme ceux-ci se sont plutôt dégradés, cela conforterait une fois de plus l’hypothèse de notre inadaptation chronique à l’alimentation transformée.


Combien avons-nous de bactéries dans le corps ?

Gut bacteria linked to behavior: That anxiety may be in your gut, not in your head

Bacteria in the gut may influence brain development

Dossier INRA : Microbiote intestinal, nouvel organe au potentiel extraordinaire

lundi 31 août 2015

Qualité nutritive, impact environnemental : La garantie BIO ne suffit plus.

Les rayons des magasins sont pleins de produits alimentaires, souvent très artificiels dont on ne comprend pas toujours la composition, dont on ne sait pas d’où viennent les ingrédients ni comment ceux-ci ont été produits et quel impact a eu leur production sur l’environnement. Ainsi apprend-on, à l’occasion d’un reportage télévisuel, que les fraises ou les tomates bon marché que l’on consomme en toute bonne conscience depuis des années proviennent d’immenses exploitations maraîchères en Espagne qui utilisent une main d’œuvre nord-africaine exploitée et dont l’impact environnemental est désastreux, notamment sur les nappes phréatiques. Des articles dans la presse nous alertent tantôt sur l’utilisation de pesticides interdits en France dans les cultures bananières des Antilles, tantôt sur le sort des ouvriers agricoles victimes des produits chimiques qu’ils épandent dans champs, tantôt sur le recours aux antibiotiques pour engraisser les bêtes de boucherie. On sollicite nos signatures pour des pétitions contre l’abattage des forêts primaires transformées en prairies pour le bétail destiné à confectionner les hamburgers de nos fast-food, ou contre les pollutions générées par les fermes d’aquacultures et la surpêche qu’elles occasionne pour nourrir leur élevages ou encore contre les conditions de vie des porcs ou des volailles élevées en batterie. La liste est longue de ces pratiques de l’agrobusiness dictées par l’exigence économique, dont on ne mesure l’impact écologique qu’avec retard et dont on ignore généralement l’impact sur notre organisme des aliments qui en sont issus. Les produits frais, les fruits et légumes, beaux sur l’étalage, parfois bien décevants au goût, contiennent, outre les résidus de produits chimiques, de moins en moins de vitamines et d’oligoéléments. Quand aux produits transformés, conserves, plats préparés, lyophilisés, surgelés, etc., largement majoritaires dans les rayons, outre qu’ils sont souvent trop gras, trop sucrés, trop salés, ils contiennent en grande quantité des toxiques issus de réactions chimiques provoquées par les cuissons, pasteurisation, mélanges, etc. Ainsi, par exemple, l’acrylamide, un neurotoxique que l’on retrouve en quantité substantielle dans les pains, biscottes, chips, frites, biscuits, gâteaux apéritifs, etc. A cela s’ajoute les conservateurs, exhausteurs de goût, colorants et autres additifs alimentaires dont l’innocuité n’est pas toujours garantie.

Des impacts sur la santé largement sous-estimés

Des annonces récentes et rassurantes faites à propos de l’augmentation attendue de l’espérance de vie donneront peut-être à penser que cette alimentation industrielle ne serait pas si toxique. On vit plus longtemps et en meilleure santé entend-on dans les médias. Mais personne ne met en garde sur la fragilité de cet acquis gagné essentiellement par de la technologie médicale, certes réparatrice, mais coûteuse et dont on oublie qu’elle est aussi énergétivore, polluante et consommatrice de ressources naturelles. Si elle en masque encore les effets sur l’espérance de vie, elle n’empêche pas la progression constante et soutenue des maladies dont un grand nombre ont des liens avérés avec l’alimentation, comme par exemple les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète, certains cancers, certaines maladies chroniques ou allergiques. Selon l’ancien président Bill Clinton dont la fondation œuvre pour la protection de l’enfance, du fait de l’obésité infantile, la plus jeune génération américaine pourrait être la première de l’histoire à avoir une espérance de vie plus faible que celle de ses parents. Le diabète à lui seul englouti chaque année aux Etats-Unis une somme supérieure à ce qu’ont coûté les programmes spatiaux depuis cinquante ans qu’ils existent. En France plus de 12 millions de personnes sont soignées pour des affections de longue durée. En 2010 la CNAM n’en comptait que 8 million ! On reparlera encore du trou de la sécu.

Des solutions existent

S’il est vrai que l’impact des activités humaines est très largement négatif sur l’ensemble de la planète, cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agit là d’une fatalité, d’un atavisme anthropique indépassable. Il existe des méthodes de cultures qui ont un impact positif sur l’environnement en ce sens qu’elles restaurent les sols, améliorent leur fertilité d’année en année, favorisent la biodiversité, rétablissent les équilibres écologiques, tout en étant spectaculairement productives. Certaines de ces techniques sont séculaires, voire millénaires, d’autres sont plus récentes : Pour la restauration des sols, la technique canadienne du bois raméal fragmenté, le BRF, est particulièrement performante. Les techniques de paillages, plus anciennes, sont très efficaces pour l’entretien des sols. On peut aussi citer des méthodes de cultures biologiques plus complexes comme la permaculture qui a pour objectif d’obtenir le maximum de la nature avec le minimum d’intervention humaine, ou l’agriculture biologique holistique mise au point par l’Institut de Recherche en Agriculture Biologique Européenne (IRABE). Les recherches menées par le Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols (LAMS) de Claude et Lydia Bourguignon, les conservatoires de plantes tels que la ferme saint Marthe ou Kokopelli, sont autant de connaissances et de savoir-faire accumulés ces trente dernières années (voire parfois plus) qui permettent de maximiser la valorisation des milieux naturels tout en maintenant leur productivité. Et ce qui est remarquable avec ces méthodes, c’est qu’elles permettent d’obtenir une très grande variété de produits végétaux et animaux d’une très haute valeur nutritive, tout améliorant considérablement la biodiversité. Mais ces bonnes pratiques agricoles qui impliquent une organisation et des savoir-faire très éloignés des canons du productivisme, ont du mal à se développer. Généralement moins mécanisables, elles requièrent souvent plus de main-d’oeuvre, notamment lors des récoltes. Face à l’agriculture conventionnelle qui ne répercute pas le coût des atteintes qu’elle porte à l’environnement, leur rentabilité est d’autant plus mal assurée que le surcoût à la production qui en découle n’est pas compensé par une différentiation des produits sur le marché.

Que vaut le label BIO ?

Certes il existe les labels BIO et AB qui garantissent au consommateur des usages agricoles plus conforme aux exigences environnementales, mais sont-ils suffisant ? De plus en plus souvent on trouve sous ces labels des produits frais aussi médiocres que ceux de la grande distribution. Des fruits sans saveur, qui passent directement de l’état pas mûr à celui de pourri. En effet la garantie BIO ne porte que sur la non utilisation de produits chimiques de synthèse. Si cette condition est nécessaire, elle est loin d’être suffisante pour garantir à la fois une qualité nutritive optimale et un impact environnemental positif. Le succès grandissant du BIO auprès des consommateurs aiguise les appétits. Les contraintes du cahier des charges sont contournées. Les méthodes et les dérives de l’agriculture conventionnelle comme la monoculture extensive ou la surexploitation de la ressource en eau sont de plus en plus souvent appliquées à l’agriculture. Les produits chimiques interdits sont remplacés par des intrants labellisés BIO ou des produits chimiques tolérés comme par exemple le sulfate de cuivre. Outre que ces pratiques discréditent le BIO, elles marginalisent la production de qualité. La garantie BIO peut-elle évoluer dans le sens d’une meilleure qualité ? Ce n’est pas certain. Peut-être faudra-t-il qu’émerge un nouveau label ? Un label qui aurait la particularité d’associer deux exigences fondamentales : la valeur nutritionnelle et l’impact sur l’environnement.

jeudi 30 juillet 2015

Ce que vous devez savoir sur le miel

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A force d'étudier séparément les antioxydants, acides aminés, vitamines, acides gras et autres oligo-éléments, beaucoup de nutritionnistes en finissent par oublier que l'aliment consommé entier constitue un tout dont les effets spécifiques sur l’organisme vont au-delà de ce que fait chacun de ses composants. Les aliments bruts naturels contiennent quantité de substances. Si quelques-unes d’entre-elles sont connues, d'autres restent mystérieuses tout comme les interactions entre elles. C’est le cas pour le miel. Après des milliers d’études scientifiques sur cet aliment, plus de 4000, il garde encore de nombreux secrets. Contrairement à ce que disent certains nutritionnistes, notamment ceux ralliés à la cause de l’industrie agroalimentaire, le miel n’est pas comme du sucre. Il est beaucoup plus que cela car il contient de nombreux composants rares et utiles pour la santé.

Un aliment sain

D’abord comme aliment, le miel, bien que sucré et riche en fructose, n’a pas les effets néfastes que peuvent avoir les sodas, friandises ou sirops vendus dans les supermarchés. Une étude sur trois types de personnes : en bonne santé, diabétiques, ou souffrant d'hyperlipidémie (trop de graisse dans le sang) a révélé que [1] le miel augmente moins la glycémie que le dextrose (glucose) et le saccharose (chimiquement formé de molécules de glucose associées à du fructose), qu’il réduit le taux de protéines C-réactives, un marqueur de l'inflammation et du risque cardiaque, ainsi que les taux de cholestérol, de triglycérides et d'homocystéine, un autre marqueur sanguin associé au risque de maladie cardiovasculaire.
De plus les miels non traités contiennent une abondance d'antioxydants variés qui pourraient avoir des implications majeures pour la santé. De façon générale, la consommation d'antioxydants dans le régime alimentaire est associée à une meilleure santé et un risque plus faible de maladie [2] [3]. Deux études ont révélé que la consommation de miel d'acacia augmente le taux d'antioxydants dans le sang [4] [5].

En usage externe

C’est moins connu mais le miel est très efficace en usage externe. Appliqué sur une blessure, il a des propriétés cicatrisantes et antibactériennes. Il agit contre une soixantaine de germes et contre certaines souches de bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Il peut être utilisé contre les infections à E. Coli, Staphyloccocus aureus, Helicobacter pylori et Salmonella. Ces propriétés sont attribuées à sa composition. Acide, il empêche les bactéries de se développer, d'autant plus qu'il est capable d'attirer et absorber l'eau dont elles ont besoin pour vivre. Le peroxyde d'hydrogène qu’il contient est antiseptique et antifongique. Il contient aussi des peptides capables d'inhiber la croissance des germes, et surtout des flavonoïdes et de nombreuses enzymes qui détruisent les micro-organismes en les « digérant ». Le miel est donc une substance vivante hautement active et il n'est pas étonnant qu'il se suffise à lui-même pour le traitement de plaies même ulcérées et contre des infections cutanées, même sévères.

Le miel de Manuka

Un miel a fait son apparition il y a quelques années dans les rayons des magasins bio et diététiques : le miel de Manuka. Son marketing axé sur ses vertus antibactériennes et cicatrisantes lui vaut un vif succès. Selon ses producteurs, le miel de Manuka est bien supérieur aux autres [6]. Il combat des infections bactériennes, y compris résistantes, et guérit mieux des plaies, même ulcérées. Des études, y compris cliniques, confirment la capacité de ce miel à réduire la durée de cicatrisation et le nombre de récidives.
Cependant, cette supériorité est vivement contestée par les apiculteurs français quelque peu échaudés par le succès commercial du miel de Manuka, lequel est produit en Nouvelle-Zélande. Ils expliquent aujourd'hui que si les mêmes études avaient été faites avec des miels locaux (thym, romarin, acacia, lavande, etc.), les résultats auraient sans doute été tout aussi flatteurs. Mais l’apiculture française ne bénéficie pas du soutien d’un gouvernement qui consent à investir dans la recherche, comme c’est le cas en Nouvelle-Zélande. Grâce à cette différenciation commerciale, le miel de Manuka se paie au prix fort alors qu’il n’est pas certain que ses vertus thérapeutiques soient si exceptionnelles. Elles pourraient même être inférieures à celles des autres miels [7] !

Le miel est un aliment à part entière.

Il fait partie de la palette alimentaire humaine depuis la préhistoire. Il ne fait aucun doute que notre organisme y est parfaitement adapté à condition évidemment qu’il ne soit pas dénaturé. En effet, faut-il le rappeler, les miels des supermarchés subissent toutes sortes de traitements. Ils sont souvent mélangés et chauffés pour rester liquides. Des adjuvants sont quelques fois ajoutés pour améliorer leur onctuosité ou leur couleur. Ces miels peuvent aussi contenir des traces de produits phytosanitaires provenant soit des cultures butinées, soit de traitements pratiqués par les apiculteurs sur leurs ruches.
En revanche un miel bio naturel provenant de zones éloignées des sources de pollution, récolté sans enfumage, dont les abeilles ne sont pas nourries au sucre l’hiver mais avec leur propre miel, sera loyal et généreux. Généreux parce qu’un tel miel vous procurera des sensations inégalées et loyal parce qu’il vous signalera quand vous arrêter. Ainsi vous en mangerez avec plaisir tant que votre organisme sera en demande de cette bonne énergie et en capacité de l’assimiler. Dès que vous aurez fait le plein, la satiété se manifestera sans ambiguïté : langue qui chauffe, qui pique, bouche en feu comme avec du piment. Ça vous décourage instantanément de continuer. Allez-y en confiance, avec ces miels là, vous ne risquez pas la surcharge glycémique.


[1] Natural honey lowers plasma glucose, C-reactive protein, homocysteine, and blood lipids in healthy, diabetic, and hyperlipidemic subjects: comparison with dextrose and sucrose
 
[2] Honey promotes lower weight gain, adiposity, and triglycerides than sucrose in rats
 
[3] Substituting Honey for Refined Carbohydrates Protects Rats from Hypertriglyceridemic and Prooxidative Effects of Fructose
 
[4] Buckwheat Honey Increases Serum Antioxidant Capacity in Humans
 
[5] Honey with High Levels of Antioxidants Can Provide Protection to Healthy Human Subjects
 
[6] Les bienfaits du miel de Manuka
 
[7] Le miel de Manuka est-il vraiment supérieur aux autres ?

samedi 27 juin 2015

Qu’est-ce que le crudivorisme ? Les réponses à vos questions ...

Ce mois-ci je vous propose quelques réponses aux questions qui reviennent les plus souvent dans vos messages à propos de l’alimentation crue. En espérant qu’elles vous seront utiles.


Ne risque-t-on pas de se carencer en mangeant cru, notamment en hiver ?

Si vous mangez cru en vous abstenant de mélanger, broyer, assaisonner ou réduire en jus, vous avez les meilleures chances d’avoir une alimentation bien équilibrée. En préservant les saveurs originelles des aliments, cette façon de manger cru permet à votre corps de bien identifier les aliments et d’en extraire ce dont il a besoin avec exactitude.


Sans assaisonnement, les légumes doivent être immangeables ?

Il faut parfois un certain temps d’adaptation pour apprécier les légumes tels que les diverses sortes de salades ou de choux, les brocolis, fenouil, céleris. Ce sont des aliments très riches en nutriments essentiels qui contribuent énormément à l’équilibre métabolique. Consommés régulièrement, même en quantité modeste, ils renforcent le niveau général de plaisir lors des repas.


Justement, le fait de les rendre plus faciles à manger, en les assaisonnant par exemple, devrait permettre de mieux profiter de leur richesse en nutriments ?

Justement non, parce que le mélange des saveurs trouble le travail de notre bulbe olfactif chargé d’analyser ce que nous mangeons. De ce fait, il transmettra des instructions plus ou moins pertinentes au système digestif. La sécrétion des sucs digestifs en sera perturbée. Parfois ceux-ci ne seront pas les bons, parfois ils seront trop abondants, parfois en quantité insuffisante. Il s’en suivra une digestion imparfaite, certains nutriments pouvant ne pas être assimilés alors que d’autres moins nécessaires passeront dans le sang en surnombre. Au bout du compte, les apports ne correspondent pas aux besoins.


C’est quand même mieux de manger cru assaisonné que cuit ?

Bien sûr. Les transformations chimiques induites par la cuisson sont autrement plus problématiques pour notre système digestif qui doit faire face à une multitude de molécules nouvelles inconnues de notre patrimoine génétique. Il n’empêche, si vous prenez l’habitude d’altérer le goût originel de vos aliments vous perdrez en plaisir. C’est paradoxal et contre intuitif mais c’est la réalité. Cela est dû au décalage créé par l’artifice entre l’analyse du contenu et la réalité des apports nutritionnels. La fonction principale du goût est de nous attirer vers ce qui est bon et utile à notre corps et de nous éloigner de ce qui est néfaste ou inutile. Elle a pour effet de nous donner du plaisir à manger ce qui est bon et utile et de rendre insipide, voire désagréable, tout le reste. Sucrer, saler, épicer, ajouter de la sauce, tous ces artifices détournent notre sens du goût de sa fonction régulatrice. A cause de ce détournement, la répétition de sensations gustatives dénaturées se traduit invariablement par une baisse du niveau de plaisir. Un nivèlement par le bas auquel se conjugue un sentiment de frustration latent qui se traduit souvent par un rapport conflictuel à son alimentation : comportements compulsifs, addictions, boulimie, culpabilité, sentiment de se faire du mal, etc.


Peut-être mais quand même, ça ne vous manque pas un bon Cabernet, ou un bon vin de Bordeaux ?

C’est un autre effet de l’alimentation transformée. Elle contient parfois des molécules qui agissent sur les centres du plaisir. C’est le cas, entre autres, de l’alcool. Alors c’est vrai que les vins donnent des sensations de plaisir, mais de plaisir vide car c’est un plaisir qui n’est pas la récompense d’un apport utile à l’organisme. C’est même un plaisir dangereux car il devient très vite addictif.


Ce régime n’est-il pas contraignant ?

« Régime » n’est pas le terme approprié dans la mesure où il s’entend habituellement comme un mode d’alimentation temporaire et contraint ayant généralement un but thérapeutique. Bien que s’abstenir de toute forme de transformation puisse apparaître comme une contrainte, le crudivorisme n’est en rien contraignant puisqu’il consiste à manger selon son bon plaisir sans se soucier d’équilibre diététique ni de quantité.


Justement n’y a-t-il pas des quantités journalières recommandées ? Je mange beaucoup de carottes et j’ai lu un article qui dit que cela peut favoriser le cancer du poumon. Je mange beaucoup de dattes j’ai peur d’avoir trop de sucres. Ne risque-t-on pas des carences en protéines ?

Sous réserve d’un bon approvisionnement en fruits, légumes, oléagineux, miels, etc., y compris des produits animaux, crustacés, coquillages, poisson, viandes (même si c’est occasionel), sous réserve que ces nourritures soient de bonne qualité, bio de préférence, et qu’elles ne soient pas dénaturées par du broyage, des mélanges, de l’assaisonnement, vous pouvez faire confiance en vos sensations, en vos perceptions olfactives et gustatives. Elles sont fiables.
N’ayez aucune crainte. Si la carotte est bonne pour vous, c’est que votre organisme en a besoin. Si ce n’était pas le cas, vous n’auriez aucun plaisir à en manger. De même pour les dattes qui, comme le miel ou les fruits secs, donnent en bouche des sensations de brûlure quand l’organisme a fait le plein.
Pour ce qui est de l’équilibre nutritionnel en général et des protéines en particuliers, elle est garantie par la diversité. Vous trouverez les protéines végétales dans les oléagineux, les avocats, le safou, les légumineuses. Ne négligez pas les protéines animales comme les œufs, les fruits de mer, le poisson, la viande. Dans les légumes vous trouverez quantités de principes actifs et de micro-nutriments qui vont contribuer à votre équilibre métabolique. Pour ce qui est des fruits, n’hésitez pas à élargir votre choix au maximum. Recherchez les variétés anciennes, souvent beaucoup plus nutritives. Ne vous contentez pas des fruits locaux, surtout en hiver. Un apport de fruits exotiques est souvent nécessaire sous peine de ressentir à la longue de la frustration, voire des envies de retour au cuit. Cet apport peut être modeste, 10% suffisent largement, mais il est nécessaire.


La viande crue ?! Vous mangez de la viande crue ?

Oui bien sûr. La viande est d’ailleurs bien meilleure crue que cuite. Ceux qui affirment que la cuisson attendri la viande se trompent lourdement. S’ils prétendent cela c’est qu’ils n’en n’ont jamais mangée crue. Les bons bouchers testent la viande en la goûtant crue. C’est ainsi qu’ils peuvent réellement se rendre compte de sa qualité. Cela dit la viande reste une part modeste de l’alimentation humaine. Modeste mais nécessaire, notamment à cause de la vitamine B12. A défaut de viande, les œufs constituent une bonne source de cette vitamine quasiment introuvable dans le monde végétal. Il faut savoir que cette vitamine n’est pas synthétisée par l’organisme, qu’elle doit impérativement être apportée par l’alimentation sous peine de carence dont les conséquences ne sont pas anodines.


Que répondez-vous à ceux qui refusent la viande par respect de la vie animale ?

Quelque soient les raisons philosophiques, religieuses ou autres, qu’elles soient bonnes ou pas, elles ne peuvent se substituer aux fondamentaux de notre constitution biologique. Pour ceux que cette réalité indispose, il reste la possibilité de prendre de la B12 en comprimé sur prescription médicale.


Reste le problème de l’impact écologique. Celui de la viande est particulièrement désastreux.

Il est dû à la consommation largement excessive de viandes dans les pays développés. Pour être consommée crue la viande doit provenir d’animaux en bonne santé, élevés toute leur vie dans leur milieu naturel, pratiquement à l’état sauvage, sans apport de nourriture en hiver, sans soins artificiels tels que des vaccinations ou des antibiotiques. De tels élevages, il en existe, ont un impact positif sur l’environnement. Ils contribuent efficacement à l’entretien d’espaces naturels parfois peu accessibles et à la régénération des sols grâce à leurs déjections. Bien que peu productif, ce type d’élevage peut largement suffire aux besoins humains partout sur la planète. On est loin des élevages concentrationnaires industriels.


Et les fruits exotiques ? Par idéal pour le bilan carbone !

Il est quand même bien meilleur à celui des produits alimentaires de la grande distribution. La part de produits exotiques peut rester modeste, de l’ordre de 10%. C’est la pauvreté de la biodiversité locale qui la rend nécessaire. Pour maximiser l’approvisionnement local, il faut privilégier les variétés rustiques et réhabiliter des fruits et légumes méconnus afin d’améliorer la couverture nutritionnelle et limiter ainsi le recours à des produits importés de pays lointains.


Quel nom donnez-vous à ce régime ?

A cette pratique alimentaire ? Crudivorisme, tout simplement. Le mot vient d’entrer dans le dictionnaire.


samedi 30 mai 2015

Ce que les grands singes pourraient révéler sur nous-même

Un des événements marquant de l’actualité culturelle parisienne du mois de février dernier fut l’ouverture de l’exposition « Sur la piste des grands singes » au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, exposition que vous pouvez visiter jusqu’au 21 mars 2016. Inaugurée en grande pompe par plusieurs ministres dont ceux de la culture et de l’écologie, elle fut largement médiatisée. Et ce qui a retenu l’attention des médias est cette capacité extraordinaire qu’ont les signes à se soigner par eux-mêmes.

C’est en effet une des avancées marquantes dans la connaissance que nous avons de nos plus proches cousins. Nous les savions intelligents, nous nous étions rendu-compte qu’ils étaient capables d’utiliser des outils, d’avoir des comportements culturels, d’avoir une conscience d’eux-mêmes et même de rire, de plaisanter ou de ressentir de l’empathie. Toutes choses que l’on croyait propre à notre genre humain. Nous découvrons aujourd’hui qu’ils savent spontanément quelles plantes utiliser pour apaiser leurs maux, chose dont nous sommes bien incapables. Ainsi, par exemple, pour soigner des maux de ventre vont-ils grignoter l’écorce d’une espèce d’arbre particulière, l’albizia. Pour expulser des parasites intestinaux, ils roulent les feuilles rugueuses et velues d’aspilia qu’ils avalent sans les mâcher.

Les chercheurs voient dans ces comportements la possibilité de découvrir des principes actifs inconnus susceptibles d’être utilisés pour créer de nouveaux médicaments. Moyen pour eux d’intéresser l’industrie pharmaceutique à leurs recherches et d’en obtenir des financements.

Mais comment font ces animaux pour identifier les plantes qui peuvent les soulager ? Comment déterminent-ils quelle partie de la plante utiliser et quelle quantité consommer ? Ces questions restent d’autant plus mystérieuses pour les chercheurs qu’il n’y a visiblement aucune transmission générationnelle de ce savoir. Les singes ne sont d’ailleurs pas les seuls animaux à pratiquer l’automédication. Elle a été observée même chez des insectes. Quelle est donc cette préscience dont bénéficient les animaux et dont nous serions privés ?

Mais en sommes-nous vraiment privés ?

En partageant leurs observations avec les populations locales, les chercheurs se sont rendu compte que les guérisseurs utilisent les mêmes plantes pour les mêmes usages que les animaux de la forêt. Peut-être est-ce là le signe que les peuples primitifs n’étaient pas totalement dépourvus de cette préscience si largement répandue dans le règne animal. Sommes-nous si éloignés, coupés de notre nature animale que cette préscience serait inaccessible à nous autres modernes, pétris de technosciences ?

Je n’en suis pas certain. Je pense même le contraire. Depuis longtemps sur ce blog, je défends cette pratique du crudivorisme sensoriel qui consiste à manger cru en évitant les mélanges ou les transformations telle que l’extraction de jus, le broyage ou l’assaisonnement afin de préserver les goûts et consistances originels des aliments. Ce n’est pas par intégrisme, ni pour satisfaire une idéologie jusqu’au-boutiste d’un retour à la vie sauvage. Il s’agit simplement de permettre à cette préscience de s’exprimer.

De même que notre corps réagi au chaud et au froid, de même qu’ainsi il nous signale en fonction de l’état dans lequel se trouve son métabolisme s’il apprécie ou pas l’effet de la température par des sensations tantôt agréables tantôt désagréables, de même, lorsque nous ingérons un aliment, notre corps réagit en fonction de son état physiologique. Dès la mise en bouche, avant même parfois, nos organes sensoriels olfactifs et gustatifs se mettent en alerte. Le bulbe olfactif analyse la composition chimique de l’aliment. Sous réserve que cet aliment soit cru, non dénaturé ou mélangé à d’autres, le bulbe olfactif identifie les nutriments et les principes actifs qu’il contient, quantifie les besoins qu’en a l’organisme. S’il y a adéquation entre l’offre et la demande, nous ressentons du plaisir, un plaisir d’autant plus intense que la demande est forte. Inversement, à défaut de demande, l’aliment perd toute saveur, voire devient d’autant plus désagréable que l’offre est en excès. Le crudivorisme sensoriel permet à tout un chacun d’expérimenter facilement la variabilité des goûts qui témoigne de la variabilité de nos besoins nutritifs. C’est une pratique alimentaire indépendante de toutes considérations idéologiques, religieuses, culturelles, scientifiques ou même médicales. Elle laisse libre court aux sensations, à l’envie, à l’appétence, au plaisir, à l’attrait intuitif. Sans doute exactement ce que font les animaux. Et ça marche. Les désordres alimentaires, les frustrations, les addictions disparaissent. Les équilibres physiologiques se rétablissent rapidement, le poids se normalise. Un bien-être durable s’installe.

Ça marche particulièrement bien avec les légumes et les plantes dites « condimentaires ». Ces végétaux contiennent souvent des principes actifs très puissants. Ils sont souvent plus médicinaux qu’alimentaires. Leur ingestion en excès est parfois nuisible. C’est pourquoi le goût de ces plantes vire très vite dès que l’on dépasse la quantité assimilable. C’est le cas par exemple du radis, de la roquette, de l’oignon qui deviennent piquants comme du pigment. Notre système digestif sait parfaitement capter dans ces légumes riches en antioxydants, en vitamines, en oligoéléments, ce dont il a besoin et laisser le reste de côté. Il sait aussi, dans le même temps, annihiler les composés toxiques que contiennent ces aliments. Mais dès que les besoins sont comblés, la présence de ces composés toxiques se fait sentir. L’acide érucique de la roquette la rend piquante. L’acide oxalique de l’épinard le rend soudainement astringent.

Ce que les équipes de Sabrina Kief ont observé sur les chimpanzés d’Ouganda, pourrait de la même manière être observé chez les humains modernes que nous sommes. Il suffirait d’étudier un panel de personnes disposant d’un large choix d’aliments non transformés tels que des fruits, des légumes, des plantes condimentaires et d’observer si les choix alimentaires des participants dépendent ou non de leur état de santé. Il se pourrait que les résultats soient encore plus spectaculaires qu’avec les chimpanzés.

Journal du CNRS : Ces animaux qui se soignent tout seuls
 
Exposition Sur la piste des grands singes

dimanche 26 avril 2015

Toutes les noix sont bonnes pour la santé

Autrefois, disons jusque dans les années 70 du 20ème siècle, la noix était la noix, fruit du noyer. Aujourd’hui, il y a la noix de pécan, la noix de cajou, la noix de macadamia, la noix du brésil, et d’autres « noix de », tout aussi nobles les unes que les autres, venues du monde entier. Malgré elle, notre noix est devenue roturière. Elle n’a pourtant guère mérité cela et l’on se demande quelle particule il faudrait lui donner pour l’anoblir. Certains lui donnent du « De Grenoble ». Mais la noix de Grenoble n’est pas une sorte de noix mais une appellation d’origine contrôlée, une AOC, comme pour les vins, ce qui, soit dit en passant, est une marque de noblesse. C’est même la plus ancienne de France, créée en 1936. Elle ne peut être revendiquée que pour des noix de certaines espèces cultivées dans certaines communes de l'Isère, la Drôme et la Savoie.

Quoiqu’il en soit, avec ou sans particule, la noix, les noix, mêmes celles qui ne s’appellent pas noix comme la pistache, l’amande, la noisette, y compris la cacahuète, sont des oléagineux et tous sont excellents pour la santé … mais pas à n’importe quelle condition.

La noix (tout court), celle qui contient un fruit composé de deux cerneaux qui font penser au cerveau humain, est originaire de nos régions Françaises. Elle est consommée depuis la nuit des temps. On en a découvert sur les sites archéologiques du Lac de Paladru (Isère) et de Peyrat à côté de Terrasson en Dordogne. Elle fut le pétrole du moyen âge. Son huile était celle des lampes et des savons et valait de l’or. Elle est riche en lipides essentiellement polyinsaturés (71,5 % du total des lipides sont poly-insaturés, 10,3 % saturés et 18,2 % mono-insaturés). Elle contient toutes les vitamines répertoriées à l'exception de la vitamine B12, elle est très riche en magnésium, en manganèse et en zinc et, surtout, elle contient une quantité impressionnante d'acides gras oméga-3. Elle est par ailleurs pauvre en glucides, plutôt riche en protéines, et contient beaucoup de fibres.

Avec un tel palmarès les autres noix n’ont qu’à bien se tenir. Eh bien elles tiennent bien la comparaison même si elles ont toutes leurs spécificités. La noix du Brésil est connue pour être l’aliment le plus riche au monde en sélénium, un minéral trace qui a des vertus de prévention du cancer de la prostate. Elle contient aussi du béta-sitostérol, un composé stéroïde qui pourrait soulager de l’hyperplasie bénigne de la prostate. La noix de cajou est particulièrement riche en protéines et en magnésium, ce qui est bon pour les muscles et bon pour la mémoire. Les noisettes sont une bonne source de folates et d’acides gras monoinsaturés (comme l’huile d’olive). Les pistaches ont un bon mélange de protéines et de fibres. Les macadamias et les noix de pécan sont les plus riches en graisses de bonne qualité, et les plus pauvres en glucides. Les amandes sont également excellentes pour la santé. Elles sont très riches en acides gras mono-insaturés et en vitamine E. Elles contiennent beaucoup de calcium, magnésium, potassium, sélénium et manganèse. Elles sont une très bonne source de fibres et de protéines végétales. Comme pour les noix, la partie la plus riche en antioxydant est la fine peau de l’amande.

Mais pour véritablement profiter de tous ces bienfaits, la plus grande vigilance s’impose lors de l’approvisionnement. En effet les oléagineux que l’on trouve dans le commerce sont souvent traités de tant de manières qu’ils en deviennent souvent néfastes pour la santé. C’est tout particulièrement le cas des arachides qui sont grillées, salées parfois même enrobée de pâte ou de caramel. Les noix de cajou servies à l’apéritif sont, elles aussi, grillées et salées après avoir été passées dans des bains de vapeur pour leur enlever leur peau. Autant de traitements qui transforment radicalement leurs caractéristiques nutritives. Portées à haute température, graisses, vitamines et oligoéléments se sont disloqués et recombinés de diverses manières. Chimiquement différents, leurs effets sur la santé sont diamétralement opposés. Les noisettes, les amandes, les pistaches n’échappent guère à ce triste destin. Elles sont désinsectisées, passées dans des bains antifongiques, déshydratées à haute température. Les macadamias et les pécans n’existent que dans les glaces où elles n’apportent aucun intérêt nutritionnel. Quand elles ne sont pas grillées, ce qui est rare, les noix du brésil vendues décortiquées rancissent très vite, de même que les noix et les amandes mondées vendues sous cellophane. Privées de leur peau elles ont perdu l’essentiel de leurs antioxydants.

Certes, le plaisir est important quand on mange et il est habituel de penser que ces préparations y contribuent mais cela se fait au détriment des qualités nutritives. Rien ne vaut l’aliment nature. Voici pourquoi. Qu’on le veuille ou non, il existe, en matière de nutrition, une règle du jeu implicite à laquelle nul n’échappe. Elle fut énoncée il y a plus de deux millénaires par Hippocrate : « Que ton aliment soit ton seul médicament ». Que dit cette règle ? Elle ne dit pas simplement que notre santé dépend de ce que nous mangeons. Elle dit que nos aliments peuvent agir comme des médicaments. En effet, pour peu qu’ils ne soient pas dénaturés, ce qui était souvent le cas dans l’Antiquité, ils contiennent naturellement des principes actifs. Encore faut-il, comme pour le médicament, choisir le bon aliment et le bon dosage en fonction des nécessités physiologiques. C’est là que réside la différence entre le médicament et l’aliment. Alors que pour le premier, cette posologie est prescrite par le médecin, elle est, pour le second, dictée par nos perceptions olfactives et gustatives. Concrètement cela signifie que, tant que nos aliments ne sont pas dénaturés, nous pouvons nous fier à nos sensations. Elles sont fiables et parfaitement corrélées avec les besoins de l’organisme en nutriments, énergie et principes actifs. Ainsi, lorsque ces noix craquent agréablement sous la dent puis fondent en une pâte délicieusement parfumée vous pouvez être sûr que vous êtes dans la bonne posologie. Les micro-nutriments, vitamines et oligoéléments qu’elles contiennent sont parfaitement assimilés par votre organisme, mieux, soyez en assurés, qu’avec n’importe quel complément alimentaire. Dès que vous atteignez la dose nécessaire, elles deviennent moins gouteuses, la pâte devient collante et vous avez l’impression de mâcher du bois. Arrêtez-vous. Vous ne tirerez aucun bénéfice à continuer. Ni sur le plan du plaisir, ni sur celui de la santé. Ainsi s’exprime la règle d’Hippocrate. Elle rejoint celle d’Epicure : Faire du plaisir un guide. Encore faut-il ne pas tricher.

La condition à respecter pour ça marche : Consommer nature. Heureusement, il existe quelques bonnes filières et de nombreux producteurs artisanaux qui préservent les qualités de leurs produits. Procurez-vous les noix, noisettes, amandes chez des producteurs locaux de culture biologique. Profitez des périodes de récolte pour les consommer fraîches. C’est ainsi qu’elle concentre leur maximum de bienfaits. Pour les autres oléagineux on en trouve parfois dans les bons magasins bios. Pour ce qui est des arachides, on en trouve des fraîches dans des magasins de fruits exotiques.

dimanche 29 mars 2015

Que se passe-t-il sur la planète cru ?

Le cru serait-il en train de sortir de l’anonymat ? C’est sans doute un peu trop tôt pour le dire mais ce qui est sûr, c’est que ça bouge sur la planète cru. L’article de janvier sur les possibles dangers des compléments alimentaires a connu un succès historique puisqu’il a été vu par plus de mille trois cent personnes dans la semaine qui a suivi sa parution. C’est à ce jour l’article le plus lu de ce blog. Quant à la page Facebook Manger-cru, le nombre de « J’aime » qu’elle recueille chaque semaine a triplé depuis le début de l’année. Alors qu’il se situait entre 5 et 7 depuis plusieurs années, il est subitement passé à 15, 20, voire plus de 50 la dernière semaine de janvier.

Il faut reconnaitre que ce regain de popularité est largement porté par l’air du temps. La question du réchauffement climatique est sur toutes les lèvres. Celle de la biodiversité n’est pas moins inquiétante. Quant à celle des multiples formes de pollutions, elle suscite autant d’indignations que d’angoisses. Ces questions qui reviennent sans cesse dans les médias et que l’on croise à l’envi sur les réseaux sociaux et Internet interrogent notre mode de vie, notre façon de consommer. Les prises de conscience qu’elles suscitent modifient notre vision du monde, influencent nos comportements jusqu’à nos habitudes alimentaires.

Et c’est sans doute ce qui attire un public toujours plus nombreux vers le blog et la page Facebook « Manger cru ». Même si la plupart ne font que passer, il en restera toujours quelque chose. Car ce qui les a amenés là, c’est tantôt l’éveil d’une conscience citoyenne, tantôt le désir de bien-être et de naturel, tantôt des inquiétudes quant à la nourriture, tantôt des soucis de santé.

Ce blog et cette page Facebook labourent le terrain pour ceux qui suivent et vont donner un nouvel élan à notre démarche. Nous pensons d’abord à tous ceux qui, parmi vous, facilitent notre pratique alimentaire en produisant ou distribuant des nourritures d’une qualité hors norme. Nous pensons aussi à ceux d’entre vous qui, en s'investissant dans la recherche scientifique, contribuent à faire avancer la connaissance et valider nos hypothèses. Nous pensons enfin à toutes les autres initiatives comme, par exemple, le projet NaturEdible.

A ce propos, après une période d’alpha-test pleine d’enseignements, l’équipe de NaturEdible s’est remise au travail. Parmi les nouveautés attendues, le catalogue de nourritures naturelles qui sera intégralement multilingue anglais et français. Les internautes pourront saisir leurs contributions dans l’une de ces deux langues. Le module d’évaluation des nourritures va lui aussi être refondu. Des modules complémentaires sont à l’étude comme par exemple un module qui vous permette de signaler et d’évaluer des producteurs ou des distributeurs ou encore un module de vente directe du producteur. N’hésitez pas à faire part de vos souhaits en ajoutant vos commentaires à cet article. Votre avis nous intéresse énormément. Et bien sûr nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’avancement de ce projet.

mercredi 25 février 2015

Bébés à 3 parents en Angleterre : Doit-on « améliorer » notre patrimoine génétique ?

Les parlementaires anglais viennent d’adopter une loi autorisant les manipulations génétiques sur l’être humain. De quoi s’agit-il ? Chez certaines femmes, les ovules présentent une particularité qui prédispose leurs enfants à certaines maladies dégénératives comme le diabète ou la myopathie. Cette particularité se loge dans l’ADN d’une mitochondrie de l’ovule. L’opération que viennent d’approuver les parlementaires anglais consiste à extraire cette mitochondrie et la remplacer par une autre, extraite de l’ovule d’une autre femme. Ce que retiennent les médias c’est que, biologiquement, l’enfant aura trois parents. En fait, les enfants à naître seront les premiers dont le patrimoine génétique aura été modifié. Ils transmettront cette modification à leur descendance.

Mais cette décision des parlementaires suscite de nombreuses questions. Là où certains louent un progrès décisif contre la maladie, d’autres dénoncent une dérive eugéniste, celle qui consisterait à « purifier » le patrimoine génétique humain. Tout comme une large majorité de citoyens anglais, plusieurs autorités scientifiques ont manifesté leur opposition à cette loi. Ces derniers dénoncent le manque de recul sur les conséquences d’une telle manipulation qui pourrait, selon eux, entrainer d’autres pathologies tel que le cancer.

Ce qui retient mon attention, c’est la visée préventive et non thérapeutique de l’opération. Car il ne s’agit pas de soigner une maladie, mais bien d’éviter qu’elle survienne. C’est l’argument principal des promoteurs de cette technologie. Argument qui devient décisif dès lors que l’on qualifie la particularité génétique incriminée de « dysfonctionnement ». Fait remarquable qui n’est peut-être pas innocent, aucun article rapportant la nouvelle ne publie des chiffres qui quantifient le risque. A savoir : Quel pourcentage de personnes ayant cette particularité génétique développent des maladies ? Les parlementaires anglais disposaient-ils de cette information ?

La génétique est impliquée dans de nombreuses maladies. C’est un fait validé par la science. Cela ne signifie pas que la génétique soit la seule cause de ces maladies. Prenons l’exemple de l’obésité. Il existe aux Etats-Unis, dans l’Arizona, une tribu indienne, les Pimas, particulièrement affectée par cette maladie. Le taux d’individus dont l’IMC (indice de masse corporelle) est supérieur à 30 avoisine les 70%, soit le double de celui de la population blanche américaine. Les enfants Pimas détiennent le triste record du plus important pourcentage d’obésité au monde. Cette tribu compte aussi, proportionnellement, le plus grand nombre de malades de diabète de type 2.

Indiscutablement, cela est dû à des différences génétiques. Cette population est étudiée avec constance depuis plus de trente ans par des équipes scientifiques du monde entier. Elles recherchent ardemment les causes génétiques de l’obésité. Nul doute que si elles les trouvent un jour, l’industrie médicale n’aura de cesse d’y trouver une parade. Et celle-ci sera probablement de même nature que celle que les parlementaires anglais viennent d’autoriser. Elle consistera à modifier le patrimoine génétique de l’ovule afin de « corriger les gènes défectueux». Permettre à des femmes atteintes de cette maladie de ne pas la transmettre à leurs enfants, c’est ainsi, sous ces atours humanistes, que sera présentée la chose. Sauf que la génétique n’est pas la vraie cause de l’obésité. La vraie cause est alimentaire. La génétique n’est qu’un facteur de prédisposition ou un facteur aggravant. Car c’est un fait bien documenté, les indiens Pimas ignoraient cette pathologie avant d’adopter le régime alimentaire américain. Jusque dans les années 50 leur taille était plutôt fine.

Des particularités génétiques, tout le monde en a. Elles ne sont pas neutres. Elles déterminent des fragilités ou des forces, parfois les deux mais elles sont rarement pathologiques ou handicapantes. Ainsi, au contact d’une alimentation inappropriée, les indiens Pimas deviennent obèses et diabétiques quand les blancs européens vont faire des maladies cardio-vasculaires, des cancers, des AVC.
Voilà en quoi la décision des parlementaires britanniques est inquiétante. Elle valide l’idée que notre patrimoine génétique est imparfait et perfectible. Elle admet que nous sommes en droit de corriger ces « imperfections » sans regarder ce que nous cachons derrière ce vocable. Elle est inquiétante parce qu’en allant dans cette direction nous nous attaquons à un édifice extrêmement complexe. Un édifice qui s’est façonné au cours de centaines de million d’années d’évolution, au contact et en interaction avec une nature vierge jusqu’à en épouser parfaitement les contraintes … et les potentialités.

Aussi, avant d’envisager les causes génétiques, ne serait-il pas sage de mettre notre organisme en contact avec un environnement plus conforme à ses données génétiques ? Cela ne veut pas dire quitter son ordinateur, son smartphone, fuir la ville et aller se réfugier dans une forêt vierge. Non, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Par environnement nous devons comprendre « nourriture », « air que l’on respire ». Ce sont là les deux principaux vecteurs d’interactions et d’échange entre notre organisme et le monde extérieur. Autrement dit, respirer un air sain, faire une bonne place aux fruits et aux légumes en crudité, ne pas hésiter à faire de temps en temps des repas exclusivement crus, par exemple à la belle saison, voire plus si le cœur vous en dit.

Mommy, daddy... and mommy : vers des bébés à "3 parents" au Royaume-Uni
 
L’environnement des indiens du sud des USA est devenu obésogène
 
En Arizona, les Indiens pimas recordmen du diabète.

mercredi 28 janvier 2015

Compléments alimentaires : Pourquoi il faut s’en méfier !

Tous les sites web et les magazines traitant peu ou prou de santé, de nutrition, de médecine naturelle, de sport voire de bien-être en parlent. Il en existe pour tout : pour dormir, mincir, bronzer, avoir une belle peau, ralentir le vieillissement, faire pousser cheveux et ongles, donner de la vitalité, de l’énergie, contre la fatigue, la dépression, les douleurs articulaires, le cholestérol, les troubles intestinaux et ceux de la ménopause. Les compléments alimentaires sont devenus l’appoint incontournable à la nourriture quotidienne de plus d’un quart des femmes et de 15% des hommes (selon le site Doctissimo). 

Le complément alimentaire est un médicament qui ne dit pas son nom

Dans le but louable de protéger le consommateur, une loi réglemente les allégations de santé sur les produits alimentaires. Elle oblige les fabricants à en apporter la preuve scientifique. Aussi, pour que vous puissiez acheter un complément alimentaire censé ralentir la chute des cheveux, le fabricant a dû présenter des preuves scientifiques à l’autorité de régulation. A première vue, cette législation semble pertinente. En fait, elle ne l’est pas. Car ce que l’on demande au fabricant n’est pas de démontrer l’efficacité de son produit mais de justifier les allégations de santé sur la base d’études scientifiques. C’est subtil mais avec un exemple c’est plus clair. Dans le domaine médical, il existe des centaines de milliers d’études qui portent sur les propriétés biochimiques de métabolites présents ou susceptibles de l’être dans notre organisme. On peut ainsi, en cherchant bien, trouver quelques études concernant la kératine, le composant principal des ongles et des cheveux. Et parmi ces études, certaines signaleront que tel métabolite améliore la production de kératine. Il suffit alors à un fabricant de mettre au point une gélule contenant ce métabolite miracle. Il s’appuiera sur ces études pour justifier des allégations telles que : « stoppe (ou ralentit) la chute des cheveux » ou encore « favorise la repousse des ongles et des cheveux ». Il précisera même dans sa notice que l’efficacité de son produit est démontrée scientifiquement. Mais contrairement au médicament, cette gélule n’a pas besoin de faire la preuve de son efficacité réelle, ni d’identifier ses effets secondaires, ni de définir sa posologie, ses contre-indications. Elle a pourtant tout d’un médicament et devrait être considérée comme tel. En effet, tout comme les médicaments, les compléments alimentaires ont des effets indésirables, des contre-indications. Ils ne doivent pas être pris inconsidérément et sur une longue durée. Ils peuvent même s’avérer dangereux ou avoir l’effet inverse de celui recherché. C’est typiquement le cas des antioxydants, fortement déconseillés en cas de cancer. Suite à de nombreux signalements d’effets indésirables, l’ANSES (Agence Nationale de SEcurité Sanitaire) a mis en place un dispositif de vigilance. En quatre ans, elle a recensé pas moins de 1565 signalements. 

En principe, le but des compléments alimentaires est, comme leur nom l’indique, de palier à des carences alimentaires. Ils se distinguent des médicaments en ce sens qu’ils n’ont pas été conçus pour traiter une ou plusieurs pathologies bien identifiées. Mais c’est bien là leur seule différence. En réalité, les compléments alimentaires ne sont pas des produits anodins comme le laisse penser leur appellation. La prudence vous conseille de n’y recourir que sur avis médical. En effet, depuis quelques années déjà, on soupçonne les antioxydants pris en compléments alimentaires d’avoir l’effet inverse de celui recherché. Des études récentes ont montré qu’ils augmentaient le risque de cancer du poumon et celui de la prostate au lieu de le réduire. Ce que l’on découvre pour les antioxydants a toutes les chances de se répéter pour d’autres types de compléments alimentaires. Même si certains d’entre eux se révèlent réellement efficaces, leur utilisation n’est pas toujours sans dangers. Ce n’est pas parce qu’ils sont à base de plantes qu’ils sont inoffensifs.

Pris en automédication, le risque est grand de faire un mauvais diagnostic. Ce n’est pas parce qu’une publicité prétend que le corps à besoin de magnésium que votre organisme en a effectivement besoin. Et quand bien même vous en auriez besoin, le risque est grand de surdoser.

Ayez une alimentation complète, plutôt que de la compléter

Aussi, plutôt que de complémenter votre alimentation, veillez à avoir une alimentation complète. Concernant les antioxydants, le site web « La maison du cancer » affirme qu’ils sont moins efficaces en compléments qu’apportés par l’alimentation. Il donne l’explication suivante : « Il existe des synergies entre les différents constituants d'un même aliment, ce qui renforce ses effets bénéfiques, confirme le Dr Michel Lallement. Ainsi, une étude a montré que le lycopène, un caroténoïde contenu en particulier dans la tomate, était moins efficace en extrait que dans le végétal entier. » Il est probable que de telles synergies existent pour de nombreux nutriments, pas seulement pour les antioxydants. D’ailleurs d’autres études semblent confirmer l’importance de ces synergies jusque dans la manière de préparer les aliments. Ainsi, alors que consommés entiers les fruits diminuent le risque de diabète, ils l’augmentent significativement lorsqu’ils sont en jus. Les chercheurs expliquent cela par la présence de micronutriments qui protégeraient les glucides et qui seraient détruits lors de l’extraction du jus.

Pour que votre alimentation soit riche en tous ces nutriments vendus en gélules, privilégiez les fruits et les légumes. Résistez à la tentation d’en faire des jus. Recherchez la diversité. Ne vous cantonnez pas aux quelques fruits et légumes courants et tellement hyper sélectionnés qu’ils ont perdu la plupart de leurs nutriments. Cherchez de nouvelles variétés, plus rustiques, voire sauvages et consommez les tel quel pour en profiter pleinement, sans vous forcer car le plus important est de prendre du plaisir. Cela devrait suffire à effacer toutes vos carences.

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