Jamais l’alimentation humaine n’a atteint un tel degré d’artificialisation. Aliments lyophilisés, pasteurisés, UHT, irradiés, cuits à haute température, bourrés d’additifs, de conservateurs chimiques. Fruits et légumes hybridés, modifiés génétiquement, contaminés de résidus de pesticides, etc. Paradoxalement, alors que les effets néfastes de cette artificialisation en termes de santé publique sont patents, jamais les preuves scientifiques qui montrent que nous sommes beaucoup mieux adaptés à une alimentation sinon crue du moins peu transformée n’ont été aussi nombreuses. Les recherches progressent à grand pas dans le domaine de la digestion. Elles dévoilent chaque jour la complexité des mécanismes biochimiques qui sont en jeu. Des mécanismes inscrits dans nos gènes depuis la nuit des temps et qui sont parfois peu compatibles avec les nouvelles compositions moléculaires de l’alimentation transformée et aseptisée.
Nous devrions garder à l’esprit que ces mécanismes se sont mis en place à une époque où nos ancêtres humains et pré-humains se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient dans la nature à l’instar de ce que font tous les animaux. Ainsi, au cours des 99% de son histoire biologique notre lignée humanoïde a traversé des ères climatiques chaudes et glaciaires et s’est déployée dans tous les milieux du globe sans apprêter sa nourriture. C’est dans ce contexte que s’est formé notre système digestif. Ce n’est qu’à partir du néolithique que les choses ont changé, il y a de cela quelque dix millénaires, avec l’introduction du blé et du lait et la généralisation de la cuisson. Un changement progressif à notre échelle humaine puisqu’il s’est étalé sur environ deux millénaires. Mais un changement brutal et récent à l’échelle de notre lignée puisqu’il se réalise lors du dernier pourcent de notre histoire biologique. Nous pensons parfois que, jusqu’à l’époque moderne, ces changements n’étaient pas si importants et que nos aïeux s’y étaient adaptés, que ce sont surtout les nouveaux aliments modernes qui posent problème. Les traces relevées sur les ossements révèlent que dès le néolithique les nouveaux aliments et la cuisson ont eu un impact sanitaire négatif sur les populations : explosion des caries dentaires, apparition maladies infectieuses, etc. Alors qu’on n’en trouve aucune trace avant cette époque charnière du néolithique, les épidémies n’ont cessé de jalonner l’histoire humaine jusqu’à nos jours. Mais ce qui caractérise le néolithique, c’est aussi le changement radical de mode de vie, de vision du monde, de société. De chasseurs-cueilleurs plutôt pacifiques vivant en symbiose avec la nature, nous sommes devenus agriculteurs-éleveurs plutôt belliqueux et constamment en lutte contre la nature. Comment cela peut-il s’expliquer ? Le changement d’alimentation est-il la cause ou la conséquence de cela ? Sur ce point il n’existe pour l’heure aucun consensus scientifique. Néanmoins les récentes découvertes pourraient apporter un début de réponse.
Ce sont les recherches sur le microbiome, nouvelle appellation de la flore intestinale, qui pourraient lever un coin du voile. Notre corps héberge un nombre impressionnant de bactéries, environ 100 000 milliard soit dix fois plus que nous n’avons de cellules. Elles sont réparties dans différentes parties du corps mais le gros du bataillon est dans notre colon. Plusieurs centaines d’espèces différentes de bactéries et de levures y cohabitent et forment un écosystème complet qu’on appelle le microbiome (ou microbiote). On sait aujourd’hui qu’il contribue à la biotransformation des aliments, en particulier les fibres, et qu’il réduit le développement de la flore pathogène. Il participe aussi à la production de vitamines essentielles. Plusieurs équipes internationales de chercheurs ont fait d’étonnantes découvertes. L’une d’elle a montré que la modification du microbiome de la souris pouvait modifier radicalement sa personnalité. Une autre équipe de l'Université McMaster a apporté des preuves concluantes que les bactéries résidant dans l’intestin ont une influence sur la chimie du cerveau et le comportement. Ce sont des avancées spectaculaires de la génomique, une nouvelle discipline de la biologie moderne, et de l’informatique qui permettent aujourd’hui d’analyser la composition microbienne de l’intestin. Elle permet l’exploration d’un territoire jusqu’alors inconnu. Les chercheurs attendent de ces nouvelles connaissances une meilleure compréhension de la nutrition. Déjà, ils ont remarqué que les individus souffrant de maladies inflammatoires chroniques ou d’obésité ont un microbiome présentant une faible diversité d’espèces bactériennes et que cette diversité peut être améliorée par des corrections nutritionnelles simples. Autrement dit, il existe un lien entre l’alimentation et l’équilibre de cet écosystème particulier qu’est le micobiome intestinal. Un lien qui pourrait expliquer des modifications de notre humeur, voire de notre personnalité. Il n’est pas exclu qu’on puisse à terme confirmer que ce lien explique la corrélation entre le changement d’alimentation amorcé au néolithique et les changements de comportements humains qui l’ont accompagné. Et comme ceux-ci se sont plutôt dégradés, cela conforterait une fois de plus l’hypothèse de notre inadaptation chronique à l’alimentation transformée.
Nous devrions garder à l’esprit que ces mécanismes se sont mis en place à une époque où nos ancêtres humains et pré-humains se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient dans la nature à l’instar de ce que font tous les animaux. Ainsi, au cours des 99% de son histoire biologique notre lignée humanoïde a traversé des ères climatiques chaudes et glaciaires et s’est déployée dans tous les milieux du globe sans apprêter sa nourriture. C’est dans ce contexte que s’est formé notre système digestif. Ce n’est qu’à partir du néolithique que les choses ont changé, il y a de cela quelque dix millénaires, avec l’introduction du blé et du lait et la généralisation de la cuisson. Un changement progressif à notre échelle humaine puisqu’il s’est étalé sur environ deux millénaires. Mais un changement brutal et récent à l’échelle de notre lignée puisqu’il se réalise lors du dernier pourcent de notre histoire biologique. Nous pensons parfois que, jusqu’à l’époque moderne, ces changements n’étaient pas si importants et que nos aïeux s’y étaient adaptés, que ce sont surtout les nouveaux aliments modernes qui posent problème. Les traces relevées sur les ossements révèlent que dès le néolithique les nouveaux aliments et la cuisson ont eu un impact sanitaire négatif sur les populations : explosion des caries dentaires, apparition maladies infectieuses, etc. Alors qu’on n’en trouve aucune trace avant cette époque charnière du néolithique, les épidémies n’ont cessé de jalonner l’histoire humaine jusqu’à nos jours. Mais ce qui caractérise le néolithique, c’est aussi le changement radical de mode de vie, de vision du monde, de société. De chasseurs-cueilleurs plutôt pacifiques vivant en symbiose avec la nature, nous sommes devenus agriculteurs-éleveurs plutôt belliqueux et constamment en lutte contre la nature. Comment cela peut-il s’expliquer ? Le changement d’alimentation est-il la cause ou la conséquence de cela ? Sur ce point il n’existe pour l’heure aucun consensus scientifique. Néanmoins les récentes découvertes pourraient apporter un début de réponse.
Ce sont les recherches sur le microbiome, nouvelle appellation de la flore intestinale, qui pourraient lever un coin du voile. Notre corps héberge un nombre impressionnant de bactéries, environ 100 000 milliard soit dix fois plus que nous n’avons de cellules. Elles sont réparties dans différentes parties du corps mais le gros du bataillon est dans notre colon. Plusieurs centaines d’espèces différentes de bactéries et de levures y cohabitent et forment un écosystème complet qu’on appelle le microbiome (ou microbiote). On sait aujourd’hui qu’il contribue à la biotransformation des aliments, en particulier les fibres, et qu’il réduit le développement de la flore pathogène. Il participe aussi à la production de vitamines essentielles. Plusieurs équipes internationales de chercheurs ont fait d’étonnantes découvertes. L’une d’elle a montré que la modification du microbiome de la souris pouvait modifier radicalement sa personnalité. Une autre équipe de l'Université McMaster a apporté des preuves concluantes que les bactéries résidant dans l’intestin ont une influence sur la chimie du cerveau et le comportement. Ce sont des avancées spectaculaires de la génomique, une nouvelle discipline de la biologie moderne, et de l’informatique qui permettent aujourd’hui d’analyser la composition microbienne de l’intestin. Elle permet l’exploration d’un territoire jusqu’alors inconnu. Les chercheurs attendent de ces nouvelles connaissances une meilleure compréhension de la nutrition. Déjà, ils ont remarqué que les individus souffrant de maladies inflammatoires chroniques ou d’obésité ont un microbiome présentant une faible diversité d’espèces bactériennes et que cette diversité peut être améliorée par des corrections nutritionnelles simples. Autrement dit, il existe un lien entre l’alimentation et l’équilibre de cet écosystème particulier qu’est le micobiome intestinal. Un lien qui pourrait expliquer des modifications de notre humeur, voire de notre personnalité. Il n’est pas exclu qu’on puisse à terme confirmer que ce lien explique la corrélation entre le changement d’alimentation amorcé au néolithique et les changements de comportements humains qui l’ont accompagné. Et comme ceux-ci se sont plutôt dégradés, cela conforterait une fois de plus l’hypothèse de notre inadaptation chronique à l’alimentation transformée.
Combien avons-nous de bactéries dans le corps ?
Gut bacteria linked to behavior: That anxiety may be in your gut, not in your head
Bacteria in the gut may influence brain development
Dossier INRA : Microbiote intestinal, nouvel organe au potentiel extraordinaire
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