samedi 27 décembre 2014

Le fruit du Pili

Fruits du pili (photo manger-cru)
La nature regorge d’une immense variété de ressources comestibles méconnues. En voici un exemple. Il s’agit d’un fruit d’une valeur nutritive exceptionnelle. Un fruit qui, s’il était mieux connu et davantage consommé, pourraient contribuer à la réhabilitation écologique de zones tropicales et équatoriales et à la lutte contre la malnutrition dans ces régions du monde : le fruit du pili.

Le Pili (Canarium ovatum) est un arbre originaire de l'Asie du Sud-Est maritime, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l'Australie du Nord. C’est un arbre très rustique, résineux, au feuillage élégant, dont le fruit a l’aspect d’une grosse olive d’environ 5 à 6 centimètres de long, à la peau noire tirant sur le violet. Cette peau assez fine protège une mince épaisseur de pulpe parfois brun-orangé, parfois jaune verdâtre qui enveloppe un noyau difficile à casser qui renferme une amande. Selon Wikipédia (en anglais, il n’y a pas encore de fiche en français), les plantations commerciales qui existent sont pour une utilisation comme arbre d’agrément, pas pour l’exploitation des fruits du pili. Ceux-ci sont récoltés dans les peuplements naturels des montagnes de la région de Bicol aux Philippines.
Photo Wikipedia
La production est donc limitée et irrégulière. C’est la raison pour laquelle la réputation de ce fruit n’a, jusqu’à présent, guère dépassé les frontières de l’archipel des Philippines.

Selon le guide des éditions Bordas, Tous les fruits comestibles du monde de Marie-Pierre Bonnassieux, la noix du pili contient 75% de matières grasses, et 12 à 16% de protéines. De toutes les noix du monde, la noix du pili est celle qui contient le plus d’acides gras saturés et le plus de vitamine E, celle-là même qui protège du cholestérol en l’empêchant de se déposer en plaques dans les vaisseaux sanguins. On peut donc manger la noix du pili sans craindre pour ses artères à condition toutefois de ne pas la griller comme le font souvent les Philippins. Outre le fait que cela dénature les acides gras saturés et détruit la vitamine E, des scientifiques y ont trouvé des niveaux inquiétants d’acrylamides. La pulpe est moins recherchée, ce qui est très injuste car elle est tout aussi nutritive que la noix avec 14,2% de protéines et 6,8% d’acides gras selon The encyclopedia of fruit & nuts, de Jules Janick et Robert E. Paull. Du fait de sa très haute teneur en matière grasse la noix du pili a une saveur beurrée de graines de citrouille rôtie. La pulpe est tout à la fois onctueuse et légèrement fibreuse. Son goût raffiné oscille entre l’olive et le safou, un autre fruit, africain celui-là, qui est lui aussi très gras et trop peu connu. Un article lui a été consacré sur ce blog. Quasiment inconnu en Europe, le fruit du pili devrait connaître la même montée en puissance que la noix de macadamia il y a quelques décennies. C’est, en tout cas, ce que pense Richard A. Hamilton de l’Université d'Hawaii à Manoa, pour qui le fruit du pili possède un grand potentiel de développement. Mais le pili est un arbre dont la propagation est difficile. De plus, il n’est pas facile à cloner. Dans plusieurs fermes sur l'île de Tablas aux Philippines sont actuellement expérimentées des plantations de cultivars sélectionnés. Espérons que ces cultivars seront aussi nutritifs que leurs aînés sauvages. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas. Les considérations pratiques, notamment celle de productivité, prennent souvent le pas sur tout le reste.

Tout comme le benkoang, le yacon, l’asimidier et bien d’autres encore, le fruit du pili fait partie de ces milliers de ressources comestibles à haute valeur nutritive, peu ou pas exploitées que l’on trouve dans diverses régions du monde et pas seulement sous les tropiques. L’avenir de notre alimentation est intimement lié à ces ressources comestibles. Si nous ne protégeons pas cette biodiversité alimentaire nous nous condamnons à la malbouffe pour l’éternité car aucun aliment artificiel ne peut égaler en qualités nutritives, gustatives et thérapeutiques ceux que la nature nous donne. Aucun d’eux ne peut être mieux adapté à notre organisme que ceux qui font partie de notre biotope depuis des dizaines de millions d’années. Ceci pour rappeler l’importance du projet NaturEdible qui se donne pour objectif de les recenser et dont nous attendons tous avec impatience la mise en ligne du site web.

Astuce : selon Wikipédia, la coque de la noix du pili est un excellent substrat pour vos orchidées. Décidément tout est bon dans … le fruit du pili.

Autre astuce : Le fruit frais est introuvable en France sauf à certaines périodes chez Orkos. Essayez, ça vaut le coup.


Un site en anglais consacré à la noix du pili

Le fruit du Pili sur Wikipédia

Le safou, une richesse méconnue de la gastronomie africaine

Acrylamides dans l'alimentation

dimanche 30 novembre 2014

NaturEdible se mobilise pour la biodiversité alimentaire

Un durian (© Photofruit.net, B. Vandangeon)
L’alimentation moderne repose sur moins d’une dizaine de ressources naturelles, laissant des milliers d’autres dans l’oubli. Partant de ce constat quelques passionnés ont lancé le projet NaturEdible qui ambitionne de réhabiliter cet aspect inexploré de notre environnement qu’est la biodiversité alimentaire. Ce n’est sans doute pas l’impression que vous en avez lorsque vous arpentez les allées des supermarchés. Pourtant à y regarder de plus près vous vous rendrez compte que tout ce que nous mangeons est fabriqué à partir d’un nombre extrêmement réduit de ressources naturelles. Quelle que soit la période de l’année, quelle que soit la région du globe, malgré la variété des plats et des saveurs, le contenu de nos assiettes est peu diversifié. La plus grosse part de ce qu’elles contiennent est issue d’une racine, la pomme de terre, de trois céréales dominantes : le blé, le riz et le maïs, de produits laitiers et de viandes bovines ou porcines. A cela s’ajoute le sucre, présent partout et en quantité, issu pour l’essentiel de la canne à sucre. Ces quelques ressources végétales et animales concourent à plus de 80% de l’alimentation moderne et leur production massive occupe plus de 90% des terres disponibles à la culture et à l’élevage dans le monde. Ces océans de monocultures et d’élevages mettent à nu la campagne, ratiboisent les forêts, assèchent les zones humides. Ils constituent la principale cause de destruction des milieux naturels et de la biodiversité. En l’espace de quarante ans, la planète terre a ainsi perdu la moitié de ses animaux sauvages. Avec cette alimentation, nous mangeons littéralement notre planète.
Le pire est que cette alimentation n’est même pas saine. Des milliers d’études en ont démontré la nocivité. Trop transformée, trop grasse, trop salée, trop sucrée, elle est chargée de métabolites toxiques issus de la cuisson. Elle est à l’origine de nombreuses pathologies tel que l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les cancers. La fréquence de ces pathologies lourdes met en péril nos systèmes de santé. Malgré les progrès médicaux constants et considérables, l’espérance de vie plafonne voire décline dès que la situation économique d’un pays s’aggrave.
Les initiateurs du projet NaturEdible ont décidé de réagir en créant un site web dédié à la biodiversité alimentaire afin de populariser les milliers de ressources comestibles de la nature. Pour cela, ils comptent sur la participation des internautes afin d’inventorier et évaluer chacune de ces ressources. Un chantier titanesque que seule la coopération numérique rend possible. Leurs ambitions ne s’arrêtent pas là et NaturEdible n’a pas vocation à être uniquement un wikipédia de l’alimentation naturelle. Si le succès est au rendez-vous, il doit devenir un lieu privilégié d’échange et de partage, un réseau social qui rassemble des gourmets en recherche de produits de qualité, des consommateurs attentif à l’écobilan de leur alimentation, des producteurs ou des distributeurs de ces nourritures exceptionnelles, des étudiants, scientifiques, médecins ou politiques qui s’intéressent aux problématiques de l’alimentation. L’objectif affiché des initiateurs du projet est de proposer une alternative au modèle alimentaire dominant qu’ils jugent ni soutenable, ni souhaitable. Ils entendent faire de NaturEdible la plateforme des acteurs de l’alimentation naturelle, capable de faire émerger une nouvelle filière de distribution alimentaire. Une filière respectueuse de l’environnement, qui concoure à la restauration des sols et de la biodiversité dans son ensemble et qui permet au plus grand nombre d’accéder à une nourriture saine. La date de mise en ligne n’est pas encore communiquée mais promis, c’est pour bientôt.


Nombreuses statistiques sur le site Planetoscope.
 
La Terre a perdu la moitié de ses populations d'espèces sauvages en 40 ans

dimanche 26 octobre 2014

Manger cru, tout simplement

De plus en plus d’internautes réagissent aux articles de ce blog ou postent des messages sur la page Facebook. Souvent leurs réactions portent sur la pratique. Et les questions sont parfois désarmantes. Celle-ci par exemple : « Comment manger cru ? ». Tout le monde mange cru ! Au moins un peu, au moins des fruits ! Ce « comment » suggère-t-il qu’il y aurait une recette ? Le mot recette revient lui aussi souvent, presque systématiquement. Mais aucune recette n’est nécessaire pour croquer dans une pomme, manger un abricot, se gaver de fraises. Manger cru c’est cela, tout simplement. Dernièrement un internaute a posté le message suivant : « Bonjour, je travaille avec des personnes âgées et aujourd'hui elles m'ont parlé de manger cru. Elles aimeraient avoir des informations sur le sujet et comme je n'ai jamais entendu parler de cela je suis perdu. Les personnes ont 65 ans et plus et sont souvent seules à la maison et ne mangent pas bien (souvent des plats surgelés ou ne mangent pas du tout). J'aimerais pouvoir leur expliquer ce que c'est que manger cru et les bienfaits. Leur donner quelques recettes faciles. Merci d'avance. »
Tout d’abord nous avons été quelque peu étonnés d’un tel intérêt pour le cru de la part de personnes âgées. D’après les statistiques de fréquentation de ce blog, ce sujet intéresse majoritairement des femmes dans la tranche d’âge 25-45 ans. De toutes les tranches d’âges, les supérieures sont les moins représentées. Dans la réponse que nous lui avons faite, nous avons insisté sur ce point, la simplicité. Pour manger cru, pas la peine de se compliquer la vie. Il suffit de manger des fruits et des légumes frais sans nécessairement faire des préparations sophistiquées. Le concombre ? Prenez un couteau et dégustez-le en rondelle comme vous le feriez pour un saucisson. La salade ? Pourquoi l'assaisonner ! C'est lui faire perdre son goût. Le poivron ? Dépecez-le et mangez-le tel quel. L'avocat ? Coupez-le en deux et régalez-vous à la petite cuillère. Voici les meilleures recettes pour manger cru au quotidien. Dans les grandes occasions, lorsque vous recevez, pensez à la corbeille de fruits, aux dés de légumes en apéritif. Laissez-vous guider par vos envies. Faites en sorte d'avoir suffisamment de choix. N'oubliez pas les oléagineux (noix, noisettes, arachides fraîches (non grillées), amandes, etc.). Faites germer des légumineuses (lentilles, pois chiche, etc.). Pensez aux fruits de mer, aux coquillages. Les langoustines crues sont délicieuses. Pensez aussi aux œufs, de préférence bio, le jaune contient de la vitamine B12. On peut manger beaucoup de choses crues, c’est-à-dire en se servant directement dans le réfrigérateur ou le garde-manger sans passer par la case casserole, micro-ondes, mixeur. Dressez la table, c’est prêt.
Ce n’est pas de manger cru qui est compliqué, c’est l’idée fantasmée qu’on s’en fait qui complique tout. « Moi, je ne pourrais pas ! » entend-on souvent. Ce n’est pourtant pas un exploit extraordinaire que de faire un repas cru ! Pratiqué de temps en temps, par exemple l’été, suffira pour se rendre compte que finalement … « je pourrais très bien ». Le plus important, ce n’est pas tant de manger cru à 100%, que d’en tirer de vrais plaisirs. Ce sont les sensations nouvelles de votre corps mieux nourri, sensations de légèreté, d’énergie, de bien-être. Ce sont toutes ces saveurs insoupçonnées que nous révèle l’incroyable diversité de nourritures que recèlent nos campagnes, nos forêts, nos mers et nos rivières, nos côtes et nos rivages. Une infinie diversité de saveurs, souvent soutenues, intenses, jouissives.
Au-delà de ces plaisirs, en sus pourrait-on dire, manger cru est l’occasion de se réconcilier avec la nourriture. Si l’on s’abstient de la transformer, si on va au plus simple donc, les sensations de satiété sont nettes. Même si l’on ne résiste pas à ces sucreries naturelles que sont les dattes ou les figues, même si on adore les arachides ou les avocats, on ne risque pas de grossir. Pas besoin de surveiller son poids. Pas besoin de se morigéner. Pas besoin de s’interdire de quoi que ce soit ni de s’obliger à manger ceci ou cela. Car il est une chose essentielle que l’on découvre en mangeant cru : Le goût n’est pas un sens objectif. Il varie en fonction des besoins du corps. Ce qui est excellent au début du repas peut devenir quelconque, voire désagréable en fin de repas. C’est la satiété. Ordinairement, dans un contexte d’alimentation artificielle, cette satiété s’exprime surtout par une sensation de trop plein qu’on appelle aussi réplétion. Une sensation à laquelle on s’habitue. Elle vient alors de plus en plus tard et c’est ainsi qu’on en vient à manger beaucoup trop. Avec des aliments non transformés, la satiété s’exprime différemment selon les aliments. Tel aliment n’a plus de goût, tel autre vire à l’acide, tel autre irrite la langue, tel autre l’assèche. Ces modifications de goût s’expliquent par la réaction de l’organisme au contact de l’aliment. Il s’agit là d’un champ de recherche nouveau qui commence tout juste à être défloré.
Sans doute serait-il opportun d’inventorier toute cette richesse comestible dont nous gratifie la nature et pour chacune de ces nourritures décrire ses caractéristiques organoleptiques. Le parfum et le goût de l’aliment quand il correspond aux besoins de l’organisme. La manière dont la satiété s’exprime. C’est justement une des fonctionnalités de la plateforme internet sur laquelle travaille d’arrache-pied le groupe de passionnés dont nous vous avons parlé dans notre précédente publication. Aux dernières nouvelles la mise en ligne est pour bientôt.

dimanche 28 septembre 2014

Pourquoi sommes-nous en moins bonne santé que nos ancêtres du paléolithique ?

Les progrès de la médecine ont été gigantesques au cours du siècle passé et pourtant les maladies sont toujours aussi nombreuses. Certaines ont disparu, de nouvelles sont apparues, d’autres résistent à toutes les attaques de la médecine, d’autres encore reviennent. Dans les pays industrialisés, l’espérance de vie plafonne et celle en bonne santé tend à diminuer. Dans ce contexte, les traces qui nous parviennent de la préhistoire ne cessent d’étonner. On croyait les humains de ces époques reculées perclus de maladies, on découvre qu’ils étaient en excellente santé. Leurs dentitions étaient parfaites, leurs dents solides, dépourvues de caries. On pensait qu’ils souffraient de malnutrition, ils étaient bien nourris et de bonne constitution. De nombreuses maladies laissent des traces sur les squelettes. Elles sont très rares sur les ossements préhistoriques. Elles deviennent fréquentes à partir du néolithique, lorsque le blé et le lait font leur apparition dans l’alimentation. Le contraste est saisissant entre notre société évoluée, toute puissante d’un savoir académique et d’une technologie sophistiquée mais qui est confronté à d’immenses défis sanitaires et ces peuplades préhistoriques confrontées à un milieu naturel impitoyable et qui ne connaissaient ni la faim, ni la maladie. On a même découvert qu’ils survivaient à de graves blessures sans qu’il y ait de traces d’infections.

S’il est vrai qu’il existe plusieurs causes à ces phénomènes, il en est une que tout le monde reconnaît : l’alimentation. La littérature scientifique abonde d’études qui montrent les effets néfastes de l’alimentation moderne. La transformation des aliments, notamment par la cuisson, induit des modifications de structure, de couleur, de consistance, de goût qui résultent d’une série de réactions chimiques. Ces réactions produisent des molécules nouvelles, dites néoformées, que l’organisme ne sait pas forcément traiter et qui peuvent se révéler nuisibles. Les viandes grillées sont cancérogènes. Les graisses dénaturées par la chaleur favorisent les maladies cardiovasculaires. Les AGE, ces composés issus de réactions chimiques entre glucides et protéines se déposent en plaques dans les veines provoquant à la longue des maladies cardiovasculaires et des AVC. S’agglutinant dans les espaces intercellulaires, ils nécrosent les tissus et accélèrent leur vieillissement. Polluant massivement l’organisme, ils entraînent de nombreuses pathologies comme le diabète et l’obésité. Aux résidus chimiques issus de l’agriculture s’ajoutent les acrylamides, les furanes et autres toxiques qui se forment à haute température. Les cancérologues estiment aujourd’hui qu’il y a, dans un repas ordinaire, autant de produits cancérogènes que dans 2 paquets de cigarettes.

Si cette alimentation moderne est si pathogène, c’est qu’elle s’est trop éloignée de ce qu’elle était avant l’ère moderne. Chasseur-cueilleurs aux temps préhistoriques, nous nous nourrissions de fruits, de racines, de plantes diverses et un peu de chasse et de pêche. Au tournant du néolithique, nous avons commencé à transformer notre nourriture. Ce changement radical s’est traduit par une explosion de pathologies qui n’existaient pas avant. Aujourd’hui, les progrès de la médecine masquent l’état sanitaire préoccupant de nos sociétés modernes. Les maladies de longue durée touchent aujourd’hui un français sur six. Le manque d’exercices physique, la sédentarité, les modes de vie modernes n’expliquent pas tout. C’est l’alimentation qui est la principale cause de la détérioration progressive de l’état de santé qui se manifeste parfois dès la quarantaine.

Ce déclin n’est pas une fatalité. Un retour à une alimentation plus proche de celle de nos origines inverse la tendance. Il est aujourd’hui admis que les fruits et légumes ont un effet protecteur contre un grand nombre de pathologies. On sait depuis longtemps qu’ils contiennent en quantité une grande diversité d’oligoéléments, de vitamines, d’antioxydants, de fibres et même diverses sortes de lipides, d’oméga 3 et 6, de protéines. Un effet protecteur solidement documenté par plusieurs milliers d’études qui concluent au caractère indispensable des fruits et légumes pour un bon équilibre alimentaire. Plusieurs études récentes ont par ailleurs montré que ces bienfaits ne sont pas les mêmes selon que les fruits ou les légumes sont consommés crus ou transformés. Par exemple, les légumes de la famille des brassicacées auxquels appartiennent les choux, brocolis, navets, radis ou cresson, contiennent des glucosinolates, qui se transforment en anthocyanates, un puissant antioxydant, grâce à l'intervention d'une famille d’enzymes appelée les myrosinases que la chaleur ou la congélation détruisent. De même les alliacées, comme l’ail et l’oignon contiennent de l'allicine, un antioxydant dont l'ingestion est associée à un moindre risque de cancers colorectaux. L’effet antioxydant de ce composé organosulfuré à l'odeur piquante est activé lorsque la mastication le met en contact avec l’alliinase, un autre enzyme présent dans la plante. Mais ces deux substances sont sensibles à la chaleur. Cela signifie que ces légumes perdent leurs pouvoirs antioxydant quand ils sont cuits. Ces quelques exemples, il y en beaucoup d’autres, montrent que les caractéristiques nutritionnelles sont différentes selon que la plante est consommée tel quel ou transformée. Cela explique aussi l’inefficacité des compléments alimentaires qui ont parfois des effets inverses de celui recherché. De même pour les jus de fruits qui augmentent les facteurs de risque de diabète alors que les fruits entiers les diminuent.

Il existe une infinie variété de ressources alimentaires dans la nature. L’habitude de transformer nos aliments nous a amené à n’en retenir qu’une infime partie. L’industrialisation n’a fait que renforcer cette tendance au point qu’aujourd’hui l’essentiel de notre alimentation repose sur les trois principales céréales que sont le blé, le maïs et le riz, un légume phare, la pomme de terre, une plante sucrière, la canne à sucre, les produits laitiers et les viandes bovines et porcines. Pratiquement tout le reste est marginal, notamment les fruits qui sont pourtant les aliments pour lesquels notre système digestif s’est constitué. Cette restriction de notre palette alimentaire limite la variété des nutriments disponibles, lesquels sont en partie détruits par les transformations et remplacés par des substances qui polluent l’organisme voire l’intoxique.

Mais comment revenir à une alimentation plus proche de celle de nos ancêtres, une alimentation qui corresponde mieux à notre patrimoine génétique ? Cette question déroute beaucoup de gens qui n’imaginent même pas qu’il soit possible de vivre sans cuisiner. L’influence culinaire est telle qu’ils ne se demandent pas si ça se mange mais comment ça se prépare. Même si les mentalités sont moins hostiles qu’il y a trente ans à tout ce qui est cru, même si des prises de conscience émergent dans tous les milieux et notamment au sein de la communauté scientifique, sauter le pas est difficile pour beaucoup d’entre nous. De la pédagogie et de l’accompagnement sont sans doute nécessaires. Ce blog peut y contribuer mais ne saurait être suffisant. Sur la base de ce constat, un groupe de passionnés ayant plusieurs décennies de pratique de l’alimentation crue, s’est constitué. Leur objectif est justement de mettre en ligne une plateforme internet dédiée à cette pratique. Nous en reparlerons prochainement. 

dimanche 31 août 2014

La figue, une gourmandise divine

source wikipedia
Voici venir la fin de l’été et, avec elle, les premières figues d’automne. La délicieuse figue gorgée de soleil est le fruit d’un arbre emblématique du pourtour méditerranéen. Teb pour les Egyptiens, Mgys pour les Perses, Caprificus pour les Romains, Ettin pour les Arabes, le figuier est un arbre robuste, vigoureux, prolifique. Son histoire est celle d’un arbre qui a nourri les humains et ses animaux avec constance et générosité durant de nombreux millénaires. Une histoire qui commence avant même celle du blé. Lors de fouilles archéologiques, en 2006, dans la vallée du Jourdain en Palestine, neuf figues parthénocarpiques ont été découvertes. Ces figues ne produisant pas de graines ont été obtenues en recourant à des boutures, technique que seuls des humains ont pu mettre en œuvre. Preuve que, mille ans avant celle du blé, les populations humaines du Moyen-Orient maitrisaient la culture du figuier. Celui-ci est présent dans de nombreux cultes comme celui de Déméter, déesse de l’agriculture. En Égypte il était considéré comme un don des dieux pour sa prodigalité. La tradition romaine veut que Romulus et Remus, les deux frères fondateurs de Rome, fussent trouvés sous un figuier en compagnie de la louve. Peu exigeant, il sera largement cultivé par les Égyptiens, les Hébreux, les Perses. Les Grecs et les Romains faisaient une large consommation de figues fraîches comme de figues séchées : du temps de Pline, on en comptait déjà 29 espèces différentes.

Un mode de reproduction atypique

Au sens botanique du terme, la figue n’est pas un fruit mais une inflorescence dont la particularité est que les fleurs sont à l’intérieur. Selon les variétés, les figues sont soit autofertiles, soit fécondées par un insecte, une sorte de guêpe, qui pénètre dans la figue par un petit orifice situé à sa base. Les figuiers autofertiles peuvent fructifier partout en France tandis que ceux qui sont fécondés nécessitent un climat méditerranéen. La complexe reproduction sexuée de la figue est remarquablement expliquée avec photos à l’appui sur le site internet de l’université de Jussieu. (voir ici)

Un trésor de bienfaits

Les figues ont un pouvoir antioxydant très élevé. Elles contiennent des composés phénoliques de la famille des flavonoïdes, ainsi que de petites quantités de caroténoïdes dont les plus abondants sont le lycopène, suivi de la lutéine et du bêta-carotène. La pelure des figues, qui est habituellement consommée, concentre la majorité des antioxydants du fruit. Selon certaines études, les figues fraîches auraient un pouvoir antioxydant plus élevé que les figues séchées. En effet, certains composés phénoliques contenus dans les fruits frais peuvent être détruits ou convertis en des formes non antioxydantes si la température de séchage est trop élevée. Pour conserver toutes leurs qualités nutritives, la température de séchage des fruits ne doit pas excéder 35°C. Or la plupart des fruits séchés vendus dans le commerce sont séchés à une température de 70°C. Les figues fraîches et séchées contiennent environ 30 % de fibres solubles et 70 % de fibres insolubles. Une dizaine de figues séchées suffisent pour fournit les apports quotidiens recommandés en fibres. Une alimentation riche en fibres est associée à un plus faible risque de cancer du côlon. Les fibres solubles contribuent à normaliser les taux sanguins de cholestérol, de glucose et d'insuline. Quant aux fibres insolubles, elles aident à maintenir une fonction intestinale adéquate. Noires, vertes ou violettes, les figues renferment une étonnante quantité de minéraux tels que le potassium, le calcium, le manganèse ou le fer.

La figue est un fruit contrasté.

Son goût mielleux et subtilement croustillant est irrésistible. Il surpasse largement les meilleures confitures. La figue offre en bouche une jouissance absolue, fougueuse et sauvage mais totalement maitrisée par une satiété franche qui pimente la chair moelleuse jusqu’à la rendre brulante. C’est aussi à cela que l’on reconnait la vraie valeur d’un fruit, à ce contraste entre succulences généreuses, enivrantes lorsque le corps le réclame et insipidités virulentes qui émergent dès que les besoins sont comblés. La vraie valeur d’un fruit ne se limite pas à la diversité et à la teneur de ses nutriments. Encore faut-il que notre organisme réagisse correctement à ce fruit, qu’il nous attire vers ce fruit et nous en fasse jouir pour être en mesure d’en extraire les nutriments dont il a besoin, qu’il nous en détourne dès que ça suffit. C’est là une règle d’or de la diététique naturelle. Une règle universelle partagée par tous les êtres vivants de la planète. Une règle que vous pouvez expérimenter en mangeant des figues. Une règle que la cuisine permet d’enfreindre avec toutes les conséquences que l’on connaît. Mais ça, c’est une autre histoire.


Université de Jussieu : La complexe reproduction sexuée du figuier

Cultiver des figuiers en région froides
 
Dietary intake of fruits and vegetables and risk of cardiovascular disease.

Health effects of vegetables and fruit: assessing mechanisms of action in human experimental studies.

Dietary antioxidant flavonoids and risk of coronary heart disease: the Zutphen Elderly Study.

The total antioxidant content of more than 3100 foods, beverages, spices, herbs and supplements used worldwide.
 
Early Domesticated Fig in the Jordan Valley

dimanche 27 juillet 2014

5 fruits et légumes par jour : cru ou transformés ?

S’il est aujourd’hui admis que les fruits et légumes ont un effet protecteur, leurs vertus thérapeutiques sont encore largement méconnues. En effet, on sait depuis longtemps qu’ils contiennent en quantité une grande diversité d’oligoéléments, de vitamines, d’antioxydants, de fibres et même selon les variétés diverses sortes de lipides, d’oméga 3 et 6, de protéines. Une richesse nutritionnelle confirmée par les enquêtes épidémiologiques. Elles montrent que les personnes qui consomment davantage de fruits et de légumes sont moins sujettes à l’obésité ou au diabète ainsi qu’à de nombreuses autres pathologies. Un effet protecteur solidement documenté par plusieurs milliers d’études qui concluent au caractère indispensable des fruits et légumes pour un bon équilibre alimentaire et plaident en faveur d’une augmentation de leur consommation. Relayées par les autorités sanitaires officielles cela donne le message « 5 fruits et légumes par jour » répété en boucle dans tous les médias. Mais dans un monde dominé par la culture du médicament, le précepte d’Hippocrate « Que ton aliment soit ton seul médicament » a du mal à passer. Les enquêtes d’opinion montrent que ce message a bien été entendu et compris par la population. Pourtant les comportements alimentaires n’ont pas changé. Lancé en 2001 par le PNNS (Programme National Nutrition et Santé), l’objectif de cette campagne était de faire diminuer l’obésité de 20%. Huit ans plus tard, en 2009, elle avait augmenté de 50%. Sur la même période la consommation de fruits et légumes est resté parfaitement stable. Ce que l’on a observé en revanche sur cette même période, c’est une croissance des produits transformés.

Les autorités sanitaires sont donc face à un paradoxe. Le message de prévention est passé. L’intérêt nutritionnel des fruits et légumes est admis et bien compris. La population dit y adhérer et suivre ces conseils, mais cela ne se répercute pas sur la consommation réelle et n’a aucun impact sanitaire. Une des raisons en est peut-être la confusion entretenue quant à la façon dont ces aliments sont consommés. La plupart des études ne précisent pas clairement, voire pas du tout, si ces fruits ou légumes sont consommés crus ou transformés et les messages envoyés au public entretiennent l’ambiguïté. Ainsi, par exemple, on trouve sur le site officiel du PNNS des fraises à la chantilly comme proposition de dessert ainsi que de nombreuses recettes à base de fruits ou légumes cuits. Or l’effet protecteur mis en évidence par les études vient probablement du fait que ces deux catégories d’aliment sont davantage que les autres consommées crues. Des recherches récentes viennent par exemple de confirmer que si les fruits consommés crus avaient bel et bien un effet protecteur contre le diabète, le jus de ces mêmes fruits avait un effet inverse. L’index glycémique d’une pomme consommée crue est plus faible que celui du jus de pomme. Une des explications avancées par les chercheurs est que lorsque la pomme est mangée crue, le fructose est en quelque sorte enrobé d’une membrane protectrice et restitué à l’organisme progressivement. La transformation en jus détruit cette protection. Le fructose passe alors plus facilement dans le sang faisant grimper l’index glycémique très rapidement. Il n’y a donc pas d’équivalence nutritionnelle entre un aliment cru et le même transformé, même lorsque cette transformation semble anodine. Il est donc abusif de compter la confiture ou la salade de fruits en conserve ou encore un verre de jus de fruit comme portion de fruit.

La littérature scientifique abonde d’études qui montrent les effets néfastes de la transformation des aliments, notamment par la cuisson. Les modifications de structure, de couleur, de consistance, de goût d’un aliment après cuisson résultent d’une série de réactions chimiques sous l’action de la chaleur. Ces réactions produisent des molécules nouvelles, dites néoformées, que l’organisme ne sait pas forcément traiter et qui peuvent se révéler nuisibles. Les viandes grillées sont cancérogènes. Les molécules de Maillard, désormais appelées A.G.E, qui résultent de réactions chimiques entre glucides et protéines se déposent en plaques dans les veines provoquant à la longue des maladies cardiovasculaires et des AVC. Ces mêmes molécules nécrosent les tissus et accélèrent leur vieillissement en s’agglutinant dans les espaces intercellulaires. Elles polluent massivement l’organisme entraînant de nombreuses pathologies comme le diabète et l’obésité. Parmi ces molécules certaines d’entre-elles sont toxiques, comme par exemple l’acrylamide qui est un neurotoxique avéré que l’on retrouve partout, y compris dans le pain ou les biscottes. Les graisses dénaturées par la chaleur favorisent elles aussi les maladies cardiovasculaires, etc., la liste est longue des méfaits démontrés de l’alimentation moderne en général et cuite en particulier.

Aussi, le fait que, d’une manière générale, les études scientifiques ne distinguent pas les aliments selon leur degré de transformation ne peut que fausser l’interprétation des résultats des études. Il est possible aussi que les effets indésirables soient moins importants avec les légumes et les fruits qu’avec les autres catégories d’aliments. Ce point peut aussi biaiser l’interprétation des études.

Pourtant le pouvoir thérapeutique des fruits et légumes mais aussi plus généralement de toutes les nourritures non transformées qu’elles soient d’origine végétale ou animale est réel. Il constitue à lui seul un domaine de recherches qui serait très fécond, s’il était exploité. Le poids des habitudes, celui des aprioris à l’égard du cru, la culture du médicament, tout cela étouffe la prise de conscience de l’intérêt du cru. Son potentiel thérapeutique représente pourtant un colossal gisement d’économie dans les dépenses de santé et un formidable accélérateur de bien-être.


Diabète : Les fruits préférez les entiers 
 
Whole fruits protect against diabetes, but juice is risk factor, say researchers

Toxines cachées de l'alimentation cuite 

samedi 28 juin 2014

Le cru pour combattre l'obésité ?

crédit : www.meltyfood.fr
Aujourd’hui, sur cette planète, un humain sur trois est en surpoids. Deux milliards de personnes surconsomment les produits d’une agro-industrie qui ne cesse de malmener les milieux naturels. La pandémie d’obésité n’est pas qu’un problème de santé public, c’est aussi un problème écologique majeur. Les pouvoirs publics sont totalement démunis face à l’ampleur de ce phénomène. Leurs tentatives de règlementation des produits alimentaires se heurtent à de puissants intérêts économiques. Quant aux actions de prévention, elles se sont toujours révélées inefficaces. La médecine est tout aussi impuissante. Elle se borne à préconiser des régimes ou, pour les cas extrêmes, de la chirurgie gastrique. Tout au long du 20ème siècle, les régimes amaigrissants ont suivi l’évolution des connaissances scientifiques. Ce sont ainsi succédé les régimes sans sel puis ceux pauvre en graisse jusqu’à ce que les sucres soient mis en cause. Sont alors apparus les régimes hypo-glucidiques. Puis on s’est aperçu qu’il y avait des bonnes et des mauvaise graisses. Ce fut la mode des oméga3. On a vu aussi émerger des régimes vitaminés, d’autres sous forme de compléments alimentaires à base d’extrait de tel ou tel plante réputée contenir des enzymes qui « mangent les graisses » comme par exemple les gélules d’ananas. Enfin, la mode du moment, ce sont les régimes hyper protéinés. Tous ces régimes fonctionnent … un temps, celui d’un été. Intenables dans la durée, les kilos reviennent. C’est l’effet yoyo. Des études ont montré que 95% des personnes ayant suivi un régime amaigrissant retrouvent leur poids d’origine cinq ans plus tard et beaucoup l’ont même dépassé. Les progrès réalisés ces dernières décennies en neurologie et les études menées sur les comportements alimentaires permettent aujourd’hui de mieux comprendre les raisons de l’échec quasi systématique des régimes. Ce sont en définitive les contraintes que le mangeur s’impose qui posent problème. Qu’elles soient le fait d’une prescription médicale, d’un régime amaigrissant à la mode ou qu’il s’agisse de convictions religieuses ou philosophiques ou encore de conseils glanés dans les médias ou auprès de proches, chaque fois le mental intervient en régulateur de l’alimentation, il produit l’effet inverse de celui recherché. Le monde médical et notamment les nutritionnistes commencent à reconnaitre l’importance des sensations alimentaires en découvrant qu’elles sont la clé de la régulation de la prise alimentaire.

Qu’est-ce que la restriction cognitive ?

Les nutritionnistes ont donné un nom à ces contraintes alimentaires : la restriction cognitive. Ils en ont dégagé quatre niveaux. Le premier est une attitude volontariste. Le mangeur décide de ne plus écouter ses sensations alimentaires qu’il juge peu fiables. Il s’impose des règles plus ou moins strictes qui lui dictent ce qu’il faut manger en quelle quantité et quand. Le deuxième niveau intervient très vite lorsque le contrôle mental vient perturber les sensations alimentaires. Le mangeur a envie d’un aliment, disons plutôt à ce stade qu’il a des sensations alimentaires qui le pousse vers cet aliment. Mais celui-ci fait partie des aliments interdits. Le mangeur s’en détourne et compense en surconsommant d’autres aliments qui eux, sont autorisés. Cette surconsommation d’aliments autorisés masque les sensations alimentaires qui finissent par disparaitre. C’est le troisième niveau. Sans déroger à ses principes, le mangeur mange de plus en plus, sans pouvoir s’arrêter. Il a toujours faim ou une impression de manque et ne ressent plus de satiété. Le contrôle mental est toujours là mais il est de plus en plus pénible à vivre. Chaque écart de régime est vécu comme un échec que le mangeur tente de compenser, non pas en se mettant à la diète, mais encore en surconsommant des aliments autorisés. Les sensations alimentaires ont disparu. Le mangeur est un mangeur triste qui commence à prendre conscience des effets secondaires de son régime : reprise de poids, frustrations, culpabilité, sentiment d’être en guerre permanente avec soi-même. Un mal-être profond s’installe. Le dernier niveau intervient lorsque le mangeur décide de tout balancer. C’est la perte de contrôle totale aggravée par l’absence de sensations alimentaires, lesquelles sont remplacées par des sensations émotionnelles. Les envies de manger ne sont pas dictées par des sensations mais par des émotions. On mange parce qu’on est fatigué, ou déprimé ou pour passer une colère ou une émotion forte. Du surpoids, le mangeur passe au stade obèse. Au bout de quelques années les problèmes de santé s’installent. Cholestérol, hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires, etc. Bien sûr ces différents niveaux sont un peu théoriques. Dans la réalité les choses sont plus nuancées, notamment en ce qui concerne l’intrusion des émotions dans le comportement alimentaire qui peuvent intervenir dès le premier niveau.

Les causes de l’obésité ne sont pas celles qu’on croit

De nombreuses études statistiques ou médicales donnent des résultats contradictoires sur les causes réelles de l’obésité. Aucun lien de causalité n’a pu être établi de manière certaine et indiscutable entre la prise de poids et le niveau de lipides, de glucides ou de protéines dans l’alimentation. Il semble toutefois que ce soit la charge énergétique, c’est-à-dire la quantité de calories qui soit la plus déterminante dans la prise de poids. Un gramme de lipide apporte 9 calories tandis qu’un gramme de glucide ou de protéine en apporte 4. Dans son livre « Maigrir sans régime » le docteur Jean-Philippe Zermati prend l’exemple de deux nutritionnistes, l’un célèbre, l’autre méconnu. Le premier, Morgan Spurlock, s’est fait connaître grâce au film « Super size me », tiré de son expérience alimentaire. Pour dénoncer la malbouffe, il s’est alimenté abondamment dans des fastfoods. En un mois, il a pris 11 kilos, a endommagé son foie et augmenté son cholestérol de 0,65g par litre de sang … avec un régime à 5000 calories par jour. L’autre nutritionniste est Mark Haub, professeur de nutrition à l’université du Kansas. Il a fait la même expérience, c’est-à-dire s’alimenter uniquement de « junk food » mais avec modération. Limitée à 1800 calories par jour, il a perdu 12 kilos en dix semaines.

Pourquoi tant de gens font de la restriction cognitive ?

Si la modération calorique semble être une piste à suivre pour lutter contre le surpoids, on pourrait penser qu’il suffit de faire comme Mark Haub, c’est-à-dire manger de tout mais modérément. C’est ce que proposent certains nutritionnistes comme le docteur Cohen. Malheureusement, comme pour tous les régimes, le contrôle mental a des effets pervers qui vont à l’encontre de celui recherché. La nouvelle école de nutrition qui émerge actuellement tente de contrecarrer ce paradoxe en mettant l’accent sur une rééducation du comportement alimentaire. Les personnes obèses ou en surpoids souffrent d’une perte de leurs facultés de contrôle sensoriels, une perte qu’aucun contrôle mental ne peut remplacer. Sur le plan théorique, cette école tend à réduire la prise alimentaire à une simple question d’apport calorique qu’il convient de contrôler, non par le mental mais par l’écoute des sensations corporelles. Les promoteurs de cette école invoquent l’abondance et la diversité de l’offre alimentaire moderne comme cause de cette perte de contrôle. Cette hypothèse semble pour le moins contradictoire avec celle selon laquelle les sensations alimentaires sont capables de réguler la prise alimentaire. Force est de constater que cette capacité est largement mise en défaut. De nombreux faits historiques, ethnologiques, voire d’observations du comportement animal montrent pourtant que l’abondance n’implique pas habituellement une dégradation des capacités de régulation alimentaire. Le lion dans la savane a, à portée de griffes, autant de gazelles, d’antilopes, d’onyx et autres animaux qui sont autant de mets délicieux. Pourtant, quand il est rassasié, il laisse en paix ses proies. Invoquer des causes culturelles qui prédisposerait aux effets pervers du contrôle cognitif n’est pas plus convaincant tant le phénomène est planétaire. Un fait singulier devrait cependant attirer l’attention. Partout dans le monde, l’épidémie d’obésité apparait concomitamment à une occidentalisation de l’alimentation. Cette simple observation revient à suspecter l’alimentation. C’est là un point faible de cette approche. Considérant que toute forme de contrôle mental est néfaste, elle se refuse à mettre en cause les aliments. Mais est-il possible de réguler son alimentation avec la « junk food » ? Si l’obésité apparaît systématiquement dans des populations dont les habitudes alimentaires changent radicalement, cela signifie que ces habitudes ne sont pas équivalentes du point de vue de la capacité des individus à réguler leur alimentation. Les mécanismes de régulations sont nombreux et complexes. Le système digestif analyse la composition chimique des aliments avec précision, en déduit les nutriments qu’il peut en tirer et en fonction des besoins de l’organisme, envoie des signaux de plaisir ou de déplaisir. Le mangeur n’a aucune conscience de tout cela, sinon des sensations agréables ou désagréables. C’est en substance ce qu’écrit le docteur Zermati dans son livre. Mais ce qu’il ne dit pas et qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que tous ces mécanismes sont le résultat de plusieurs millions d’années d’évolution. Ils se sont élaborés et mis au point dans un contexte préhistorique, avant même l’invention de la cuisson des aliments. Plus on s’éloigne des conditions natives de ces mécanismes, plus ils sont flous et approximatifs. Au point de devenir inaudibles et inefficaces avec l’alimentation artificielle et industrielle moderne.

Le cru pour retrouver ses sensations alimentaires

Si le contrôle mental est déstabilisant lorsqu’il a pour objectif de réguler la prise alimentaire, il peut avoir un effet inverse tout à fait positif lorsqu’il a pour objectif de préserver la régulation sensorielle. En s’interdisant les aliments transformés, ne serait-ce que de temps en temps, en s’obligeant à ne consommer lors d’un repas que des aliments naturels non transformés, non cuits, ni même mélangés, le mangeur se replace au plus près des conditions dans lesquelles se sont élaborés les mécanismes de régulation alimentaire. Les sensations ressenties correspondent beaucoup plus précisément aux besoins corporels. La satiété est plus franche et de nouvelles sensations de plaisir et de déplaisir apparaissent. Le mangeur redécouvre des saveurs inattendues parfois même avec des aliments anodins qui deviennent exceptionnels. Il découvre aussi des expressions de la satiété autre que la distension gastrique comme, par exemple, l’affaiblissement des saveurs voire leur changement radical. Autant de signaux significatifs qui interpellent et dont le souvenir demeure et sert de référence même lors du retour au cuit. Le cru permet de restaurer rapidement les sensations essentielles. C’est la raison pour laquelle le fait d’introduire des aliments crus non mélangés ni assaisonnés à chaque repas, ou de faire de temps en temps mais régulièrement des repas totalement crus, peut constituer une forme de régime sans effet secondaires de nature à stopper la prise de poids, voire la diminuer. Ces aliments peuvent être des fruits de saison, du pays ou exotiques, mais aussi des légumes coupés en dés ou émincés, ou encore des oléagineux, sans oublier les graisses végétales telles que les avocats ou les safous. La nature est riche de ces nourritures essentielles qui s’avèrent, lorsqu’on les redécouvre, bien supérieures à celles des supermarchés. Il est dommage de ne pas en profiter.

Livre : Maigrir sans régime du Dr Jean-Philippe Zermati

samedi 31 mai 2014

Et le meilleur restaurant du monde est ...

« On a du mal à y croire, même en se pinçant très fort », s’étrangle le journal Marianne à propos du palmarès 2014 du meilleur restaurant du monde qui fit la une des médias fin avril. Le journal s’étonne qu’on ait consacré un restaurant qui a envoyé en février dernier 63 de ses clients à l’hôpital suite à une intoxication alimentaire. L’indignation de Marianne ne s’arrête pas là car ce n’est pas une première, c’est même une constante pour les restaurants les plus primés par ce concours depuis qu’il existe. Ainsi le restaurant El Bulli, sacré meilleur restaurant du monde quatre années de suite (de 2006 à 2009), a eu, à maintes reprises, ses clients pris de maux de ventre et de vomissements pour finalement se retrouver aux urgences. Au point qu’à l’hôpital, l’étage où ils étaient soignés fut désigné « secteur El Bulli » par le personnel médical. Pas mieux pour le restaurant anglais Fat Duck, lui aussi primé, qui réussit l’exploit d’envoyer 527 clients à l’hôpital en 2009. Il y a certes lieu de s’interroger sur la crédibilité de ce concours financé par Nestlé via sa filiale San Pellegrino, et organisé par le magazine britannique Restaurant. Le guide Michelin lui-même n’est pas épargné par ces critiques puisqu’on retrouve parmi ses étoilés quelques uns de ces restaurants primés et d’autres qui ont connu les mêmes mésaventures.

Des mésaventures toujours officiellement attribuées à un « norovirus », ce qui revient à dénoncer un manque d’hygiène du personnel, mais qui touchent plus particulièrement ces restaurants laboratoires où s’invente ce que l’on appelle la cuisine moléculaire. Dans ces restaurants, les ingrédients ne sont plus seulement des légumes ou des viandes mais aussi toute une panoplie de gélifiants, émulsifiants, stabilisants, exhausteurs de goût et autres adjuvants, souvent d’origine chimique. Les thuriféraires de cette nouvelle cuisine, tel Hervé This qui en fut l’un des pionniers, défendent une manière de cuisiner « scientifique », avec des cuissons au degré près, de savants mélanges à la pipette de chimiste. Une cuisine de haute technicité sensée tirer le meilleur parti des propriétés physico-chimiques des aliments, pour obtenir des impressions gustatives inédites et surprenantes.

La question de la dangerosité de cette cuisine est vite réglée. Tous les ingrédients sont non toxiques et déjà largement utilisés par l’industrie agro-alimentaire. Certes certains d’entre eux comme les alginates ou les carraghénanes sont laxatifs mais à haute dose et de toute façon, affirme Hervé This, la cuisine traditionnelle emploie elle aussi des ingrédients tout aussi nocifs comme par exemple le basilic et l’estragon qui contiennent des molécules tératogènes, susceptibles de provoquer des malformations ou la viande cuite au barbecue qui est cancérogène ou encore le pain grillé qui contient de l’acrylamide, un puissant neurotoxique. Manière renvoyer les détracteurs de la cuisine moléculaire à leurs contradictions, de dire que leurs arguments sont irrationnels, dictés par une peur obscurantiste du progrès et une croyance absurde qui veut que tout ce qui est naturel est bon.

Curieusement aucun commentateur, qu’il soit pro ou anti moléculaire, ne se pose de question quant à la réalité biologique de l’acte de manger et des raisons pour lesquelles nous avons un nez qui sent, une langue qui perçoit des saveurs. En définitive, à quoi servent ces sensations hédoniques que nous procure la nourriture ? N’auraient-elles pas quelque utilité ? La réponse à ce genre de question qui se lit en creux dans les écrits des critiques gastronomiques est que ça ne sert à rien, rien d’autre que le « fun ». Les plus philosophes d’entre eux diront que finalement cela ne sert qu’à rendre la vie acceptable et qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien. Pourtant la réponse tombe sous le sens. Nos perceptions gustatives et olfactives n’ont d’autre but que de guider notre prise alimentaire. Sans ces perceptions et les attraits, indifférences ou répulsions qu’elles suscitent, nos ancêtres préhistoriques auraient été incapables de se nourrir correctement sans prendre le risque de s’empoisonner et nous ne serions pas là pour en parler. Est-ce parce que nous sommes maintenant civilisés que nous pouvons nous émanciper totalement de ce qui a permis à notre lignée de traverser les millénaires ? Rien n’est moins sûr. En témoigne les malaises des clients qui fréquentent ces restaurants dont il est de bon ton de penser qu’ils sont les meilleurs du monde. En témoigne aussi le changement radical du discours des spécialistes de l’obésité qui dénoncent aujourd’hui les régimes et voient désormais dans la prise en compte du plaisir la seule issue possible à cette maladie qui frappe toutes les populations du monde confrontées à une alimentation fortement artificialisée. En effet, les personnes en surpoids souffrent justement d’une perte de leurs repères alimentaires. Elles ne ressentent pas la satiété, ont toujours faim, mangent machinalement, compulsivement, sans réel plaisir, juste le soulagement du manque. Il faut leur réapprendre à identifier et apprécier les arômes et les saveurs pour réactiver des mécanismes de régulation atrophiés car ce sont eux qui vont permettre la modération de la prise alimentaire. Si ces nouvelles approches thérapeutiques touchent effectivement au cœur du problème, la solution proposée n’est que partielle. Prenant le contrepied des régimes, elles excluent toute forme de prescription alimentaire pour se focaliser uniquement sur le comportement. De la nutrition on passe à la psychothérapie en ignorant délibérément l’effet pervers de la sophistication alimentaire : les saveurs fascinantes qui sont comme des feux de paille ; l’excitation des papilles qui n’apporte qu’un plaisir vide qu’on tente de prolonger pour le combler en mangeant plus ; ces aliments chargés d’exhausteurs de goût qui dérèglent l’autorégulation et favorisent la surconsommation. L’industrie agro-alimentaire y trouve son compte, pas la sécurité sociale.

Si les fruits et les crudités jouissent aujourd’hui d’une réputation favorable auprès des professionnels de santé, leur pouvoir régulateur est encore ignoré. De fait, écarter les aliments transformés au profit des aliments crus est vu par les nutritionnistes comme une contrainte contreproductive alors qu’en réalité elle constitue un remarquable booster dans la lutte contre l’obésité. Contrairement à ce qu’on imagine, les aliments naturels consommés crus apportent plus de plaisir que ceux qui sont transformés. Un plaisir plus intense parce que plus vrai. Les sensations gustatives ne se limitent pas à une simple excitation des papilles, elles envahissent tout l’organisme d’un réel bien-être. La satiété est plus franche et vient plus vite. La digestion est légère. Spontanément, le comportement alimentaire change, se réorganise de lui-même, s’aligne sur les sensations hédoniques. Avec les aliments crus le plaisir est un guide d’autant plus fiable qu’il est à la hauteur des plus grandes tables. Moralité : Le meilleur restaurant du monde, c’est la nature. Préservons là.

Le meilleur restaurant du monde envoie ses clients à l'hosto !
 
Gastronomie moléculaire : existe-t-il un réel danger ?

lundi 28 avril 2014

L'arachide, le roi des oléagineux

Il n’y a pas que les fruits que l’on peut manger cru. En fait on peut manger cru de tout et notamment des oléagineux qui constituent généralement une source abondante en protéines et en lipides. Parmi eux, les arachides sont sans doute les plus populaires. Ce sont les fruits de la plante éponyme. Une plante qui fleurit au-dessus du sol, mais qui présente cette caractéristique singulière de produire ses fruits sous terre. Une fois pollinisée, la fleur de l’arachide prend vaguement la forme d’un piquet et s’abaisse vers le sol pour s’y enfoncer tout en restant rattachée au plant par sa tige. Les arachides ne sont donc pas des rhizomes mais bel et bien des fruits qui se développent dans le sol. Cette plante à fleurs d’un jaune intense, haute d’une quarantaine de centimètres est une légumineuse qui pousse bien en climat tropical ou sub-tropical, dans un sol meuble, aéré. En climat tempéré, elle est d’une productivité médiocre et aléatoire. Il existe cependant quelques productions confidentielles dans le sud de la France et en Vendée, sur l’ile de Noirmoutier. Elle peut satisfaire la totalité ou presque de ses besoins en azote grâce à une relation de symbiose avec une bactérie, le Rhizobium. Les variétés les plus cultivées sont Virginia, Spanish et Valencia. Leur cycle végétatif varie selon les variétés de 90 à 140 jours.
L’arachide est une plante originaire de l’Amérique du Sud. Elle aurait été domestiquée 2 000 ans ou 3 000 ans avant notre ère par les prédécesseurs des Indiens Arawaks vivant dans les vallées fertiles du Paraguay, avant de se répandre vers le Sud-Ouest et le Nord-Est du Brésil ainsi que vers la Bolivie, où de nombreuses espèces, dont son ancêtre présumé, l’arachide Monticola, poussent encore à l’état sauvage. Elle s’est répandue dans toutes les régions tropicales et sub-tropicales du monde à partir du 18ème siècle à la faveur des mouvements de colonisations.
L’arachide est vraiment le roi des oléagineux. Dans certaines régions du monde, c’est un aliment de base. C’est un véritable puits d’énergie, particulièrement riche en protéines, fibres, acides gras et en vitamines et minéraux essentiels. Si les enfants en raffolent, c’est sans doute à cause de sa teneur exceptionnellement élevée en protéines reconstituantes, favorables à la croissance et au développement musculaire. Pour en profiter pleinement et apprécier leur saveur, il est préférable de les consommer fraîches ou juste séchées à température ambiante. Grillées, les arachides perdent beaucoup de leurs nutriments, les acides gras dénaturés favorisent le mauvais cholestérol et la torréfaction produit de l’acrylamide. L’arachide est aussi riche en oligoéléments, comme le zinc, le manganèse, le cuivre, le potassium ou le fer et en vitamines comme les vitamines E et B6. Elle est aussi fortement chargée d’antioxydants et contient beaucoup d’acides gras. Légèrement sucrée, douce et suave, l’arachide fraîche est croquante, presque juteuse. Sèche, elle est plus relevée, plus consistante et pleine en bouche. Les arachides sont très nourrissantes. Elles constituent un aliment choix pour vos repas crus.

dimanche 30 mars 2014

Les aliments biocompatibles (2ème partie)

L’odorat et le goût sont les organes de perception les plus importants pour nous alimenter. Spontanément nous repoussons ce qui ne sent pas bon ou n’a pas un bon goût et nous sommes attirés vers ce qui sent bon et a un bon goût. Notre comportement est intrinsèquement hédoniste et c’est normal. Ce qui l’est moins, c’est que ce comportement naturel puisse nous être nuisible, qu’il nous amène à manger beaucoup plus que nécessaire des aliments trop gras, trop sucrés, trop salés, mal équilibrés. Sur ce sujet, les connaissances scientifiques progressent mais sont encore parcellaires. Une chose est sûre, les mécanismes qui régissent nos comportements alimentaires impliquent des interactions complexes entre l’organisme et les aliments. Ce que révèlent les études récentes, c’est que ces interactions ont pour but de réguler la prise alimentaire. Elles suggèrent que notre comportement hédoniste ne devrait pas nous nuire, bien au contraire. Ce sont des dysfonctionnements de cette mécanique biochimique complexe qui pourraient expliquer pourquoi sa finalité régulatrice n’est pas atteinte. Des dysfonctionnements qui ne seraient pas forcément imputable à quelque pathologie, mais aux aliments eux-mêmes.

Ces mécanismes de régulation se sont élaborés au cours des centaines de millions d’années qui nous séparent des premiers mammifères et ils ont jusqu’à nos jours assez correctement fonctionnés puisque l’espèce humaine a émergé et existe toujours. Ils constituent l’un des fondements de notre patrimoine génétique. Les premiers signes de dysfonctionnement sont apparus au néolithique lorsque les céréales panifiées et le lait ont été introduit dans l’alimentation humaine. Ils se sont traduits par l’apparition de pathologies diverses, notamment des caries dentaires. Puis sont venus les boissons alcoolisées, les plats préparés de plus en plus élaborés jusqu’à l’industrialisation à outrance que nous connaissons aujourd’hui. A l’échelle de l’Histoire humaine ces changements peuvent paraitre anciens. Nous serions enclins à considérer que nous nous sommes adaptés et que nous pourrons nous adapter encore. A l’échelle de l’évolution et plus particulièrement celle de notre organisme et de son système digestif, ces changements sont extrêmement récents et brutaux. Car ces aliments nouveaux introduisent une profusion de composés chimiques complexes synthétisés par la chaleur ou les mélanges, auxquels s’ajoutent depuis plusieurs décennies quelques autres issus de l’industrie chimique. Autant de molécules auxquelles nos enzymes et nos sucs digestifs n’avaient jamais été exposés jusqu’alors puisque, pour la plupart, elles n’existent pas dans la nature. Malgré les formidables capacités d’adaptation de l’organisme humain, celui-ci est dépassé par les évènements. Il ne parvient pas à dégrader ces molécules néoformées correctement. Il laisse passer une partie d’entre-elles dans les masses circulantes. Inutilisables, elles s’accumulent dans les tissus, se déposent dans les organes, étouffent les cellules. C’est le cas des A.G.E, ces molécules dites « de Maillard » issues de réactions chimiques entre glucides et protéines. D’autres sont notoirement toxiques comme l’acrylamide ou les furanes. Quant aux nutriments connus de nos enzymes et sucs digestifs, soit ils ont été détruits par les transformations, soit sont endommagés et ne remplissent que partiellement leur rôle, voire perturbent les fonctions qu’ils sont censés servir.

Ces nouveaux aliments ne posent pas seulement des problèmes à notre système digestif, ils perturbent aussi, pour les même raisons, nos organes de perception qui, de fait, n’assurent plus correctement leur rôle de régulateur. Les mélanges d’odeurs et de saveurs des différents ingrédients auxquels s’ajoutent les fumets de cuisson envoient aux centres nerveux des signaux contradictoires ou indéchiffrables qui paralysent les mécanismes de rétroaction sensés piloter la prise alimentaire. Les odeurs et les goûts sont là, plus ou moins agréables, mais ne fluctuent pas selon les besoins de l’organisme. Ils sont stables. Une aubaine pour l’industrie agroalimentaire qui peut, grâce à cela, mettre au point des produits standardisé.

La motivation première de la transformation des aliments est de les rendre meilleurs, plus goûteux. Tous les toqués du monde mettent un point d’honneur à marier les saveurs, les harmoniser, y ajouter de subtiles nuances. Les industriels de l’agroalimentaire s’y emploient également avec ferveur. Il y va de la réussite commerciale de leurs produits. Les ménagères angoissent de ne pas être à la hauteur lorsqu’elles préparent le repas familial. Mais c’est justement là le paradoxe. Malgré tous ces efforts pour obtenir le meilleur que nature, le fait de transformer les aliments ne permet pas d’atteindre de hauts niveaux de plaisir et de satisfaction.

Car même si les mécanismes de régulations sont perturbés, ils fonctionnent encore un peu et parfois à contresens. Ce sera par exemple le cas pour les besoins énergétiques qui vont se manifester par une appétence pour le sucré. Mais les sucres contenus dans les aliments transformés sont dénaturés par la cuisson, recombinés avec des protéines ou des acides aminés. Ils ne constituent pas un bon carburant, en tout cas pas tout à fait celui attendu par l’organisme. Très imparfaitement comblés, les besoins énergétiques maintiennent une appétence soutenue pour le sucré alors même que l’organisme est en surcharge de glucides. Une surcharge qui, du fait même de l’existence des mécanismes de régulation, a pour effet d’affaiblir la perception du sucré. La tentative de rendre meilleur que nature abouti finalement à un laminage des perceptions gustatives. Perception laminée mais aussi paradoxalement, appétence soutenue. Elle peut aller jusqu’à une véritable addiction au sucre qui pousse à ingurgiter à longueur de journée des sodas, des pâtisseries, des barres énergétiques, des friandises avec à la clé des problèmes de surpoids et de diabète.

Cette tendance à l’addiction au sucre avec sans cesse un affaissement des saveurs conduit les industriels à sans cesse augmenter les teneurs en sucre et en sel dans leurs préparations car le sel est un puissant exhausteur de goût. Chaque fois qu’ils procèdent ainsi, ils constatent une augmentation de leurs ventes. Comprenez dans ces conditions combien ils sont réticents lorsque les pouvoirs publics tentent de leur imposer une réduction de ces teneurs. Pragmatiques, ils essayent des substituts comme l’aspartame, la stévia ou d’autres exhausteurs de goût chimiques et mettent toute leur puissance marketing en branle pour se donner une image d’entreprise responsable. Mais ces substituts ne sont que des substituts. Comme carburant, ils sont généralement nuls. Certains d’entre eux peuvent même s’avérer nocifs.

En définitive, la motivation première de la transformation des aliments aboutit à une impasse. La jouissance gustative est plafonnée, localisée au niveau des papilles. Des sensations contradictoires de trop plein et de manque accompagnent les après repas. Tantôt manifestes, tantôt inconscientes, elles entretiennent un rapport à la nourriture conflictuel. Facteur majeur d’équilibre psychologique, le plaisir, toujours mal satisfait, doit néanmoins être bridé. Les bonnes résolutions alternent avec les renoncements au cours desquels l’alcool tient lieu d’euphorisant. Les conséquences de la transformation des aliments ne se limitent pas à la santé physique, elles atteignent aussi la sphère psychologique, compliquant notre capacité à jouir des choses simples de la vie.

mercredi 26 février 2014

Les aliments biocompatibles

Nombreux sont les produits alimentaires disponibles dans le commerce qui présentent de réels inconvénients en matière de santé. Ils sont souvent trop sucrés, trop gras, trop salés. Bien qu’ils soient nourrissants, ils ne conviennent pas totalement à nos organismes. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce sont des aliments très éloignés, trop différents de ceux auxquels notre système digestif est adapté. En effet, celui-ci s’est constitué au cours de centaines de millions d’années d’évolution au contact d’une nature vierge. Les plantes sauvages et le gibier des chasseurs-cueilleurs sont devenus des cultivars sélectionnés et des animaux d’élevage, lesquels ne sont souvent que des ingrédients de préparations manufacturées. Au final ces aliments de notre quotidien ont perdu beaucoup de leurs nutriments. Les transformations qu’ils ont subies en ont aussi fait des cocktails de substances chimiques. On y retrouve certes des résidus de produits phytosanitaires mais aussi et surtout des molécules issues des réactions chimiques provoquées par les mélanges et la cuisson. Autant de substances nouvelles que notre système digestif ne sait pas traiter puisqu’elles n’ont jamais existé dans l’environnement au contact duquel il s’est constitué. Elles passent la barrière intestinale, se déversent dans les masses circulantes, se déposent dans les organes, altèrent les tissus. Avec ces aliments, nous nous nourrissons mal. Malgré leur abondance et leur diversité, ils n’empêchent pas les carences. Parfois addictifs, nous en consommons plus que de raison sans pour autant nous satisfaire. Ils dégradent notre vitalité, avilissent notre physique. De nombreuses pathologies en trahissent les effets à long terme. Une situation que dénonçait l’UNICEF dès 1998.

Comment se fait-il que nos ancêtres du paléolithique étaient plus robustes que nous ? Que leurs dentitions étaient si parfaites, exemptes de caries ? Qu’ils ne souffraient d’aucune des maladies si courantes de nos jours ? La raison en est simple. Elle a été clairement mise en évidence par la science. Leur nourriture était bien adaptée à leur physiologie, contrairement à la nôtre.

Nous pouvons certes nous en remettre aux progrès de la médecine pour pallier aux inconvénients de l’alimentation moderne. Mauvaise idée. C’est d’abord une solution coûteuse, réservée aux nantis des pays développés. C’est aussi mettre le corps en souffrance, une souffrance que les médicaments ne peuvent jamais entièrement conjurer. Enfin, justement à cause de cette souffrance souvent invisible, c’est fragiliser notre stabilité mentale, amoindrir notre résistance au stress, gaspiller notre qualité de vie.

Si les aliments modernes ne nous conviennent pas, c’est parce qu’ils ne sont pas compatibles avec notre organisme. On pourrait dire qu’ils ne sont pas biocompatibles. En fait ce concept est utilisé dans le monde médical pour évaluer la capacité d’un corps étranger, une prothèse par exemple, à remplir une fonction spécifique avec une réponse appropriée de l’organisme. En clair, cela signifie que la biocompatibilité ne se limite pas à une simple tolérance, à un degré de toxicité acceptable. Elle suppose une réponse de l’organisme. Par exemple, un alliage précieux sera biocompatible s’il est utilisé pour réaliser une couronne dentaire, mais non biocompatible s’il sert à faire un implant car il ne sera pas ostéointégré, le tissu osseux ne va pas se coller à l’implant comme la bernique sur son rocher. C’est une définition qui sied assez bien à ce qu’on peut entendre par « aliment biocompatible ». En effet, il ne suffit pas que celui-ci soit toléré, que sa toxicité ne dépasse pas certaines normes, lesquelles sont discutables, il faut aussi prendre en compte comment l’organisme interagit avec lui, quelle est la réponse de celui-ci lorsqu’il est en présence de cet aliment. Car ces interactions existent. Des études scientifiques l’ont montré, notamment celles de Michael ROMER, chercheur au CSGA (Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation). Elles se manifestent par des variations de perception des odeurs et du goût des aliments. Une étude récente vient même d’en dévoiler les mécanismes biologiques. Ces variations dépendent des besoins nutritionnels de l’organisme. Celui-ci agit sur le bulbe olfactif pour aiguiser notre odorat ou au contraire le réprimer. En présence d’un aliment, notre organisme réagit différemment selon que l’on a faim ou que l’on est rassasié, nous disent les scientifiques qui ajoutent que des dysfonctionnements de ces mécanismes seraient en partie à l’origine de pathologies comme l’obésité. En fait, dans la grande majorité des cas, ces dysfonctionnements ne sont pas dus à une quelconque pathologie mais aux aliments ingérés. En effet, avec les aliments transformés, que ce soit par la cuisson ou par des mélanges, les interactions entre l’aliment et l’organisme sont floues et de faible intensité. Les mécanismes d’interaction sont perturbés par des odeurs et des saveurs composites et artificielles. Ils peuvent même être désordonnées et contradictoires. Une personne déjà en surcharge de sucre continuera à être attirée par les sucreries et les pâtisseries. C’est la raison pour laquelle, même s’ils sont nourrissants, même s’ils sont bio et équilibrés, de tels aliments ne nous conviennent pas. Ils ne sont pas biocompatibles.

Ce n’est pas le cas en revanche avec les nourritures non transformées, telles que les fruits, les légumes frais, les oléagineux séchés à température ambiante. En plus d’être dépourvus d’effets secondaires néfastes, ils interagissent franchement avec l’organisme. Ces interactions permettent une régulation effective et efficace de la prise alimentaire. Les variations olfactives assurent un guidage vers les nourritures qui correspondent aux besoins physiologiques, tandis que les variations de sensations gustatives contrôlent les quantités absorbées. Jamais un met préparé ne vous apportera une telle expérience. Jugez-en. La faim est là, les effluves qui s’élèvent de la corbeille de fruits excitent vos récepteurs endocannabinoïdes. Quelque part au niveau de votre cerveau reptilien ces informations olfactives sont filtrées. Certaines parviennent au cortex olfactif, d’autre pas. C’est le parfum de l’ananas qui émerge et s’impose aux autres senteurs. Il est décuplé, alléchant. Mis en bouche son goût est puissant, doux et sucré. Pourtant l’ananas contient de la bromélaïne, une enzyme protéolytique, c'est-à-dire capable de dégrader les protéines animales ou végétales, ce qui signifie qu’elle attaque les muqueuses et les chairs. Dans les conserveries les ouvriers prennent des gants pour s’en protéger. La présence de cette enzyme devrait bruler votre langue, mais vous ne sentez rien d’autre que du doux et du parfumé car votre salive produit une autre enzyme qui la dégrade. La composition chimique de votre salive s’est modifiée pour l’ananas avant même sa mise en bouche Celui-ci est tellement savoureux que vous vous dites que vous pourriez en manger indéfiniment. Jusqu’à ce que, curieusement, votre langue commence à picoter et les saveurs s’atténuer. La quantité ingérée couvre maintenant les besoins de votre organisme. La composition chimique de votre salive a changé. Elle contient de moins en moins de cette enzyme qui dégrade la bromélaïne. Celle-ci commence à attaquer vos muqueuses. Si vous vous entêtez à finir votre tranche, votre langue va saigner. Mais la fringale a brusquement cédé la place à une apaisante sensation de satiété, l’odeur de l’ananas a totalement disparu. Le bien-être digestif que vous ressentez après ce repas signifie que votre système digestif fonctionne bien et tire le meilleur parti de ce que vous avez mangé. Voilà pourquoi ces nourritures nous conviennent si bien. Elles sont biocompatibles.

Cette notion de biocompatibilité ouvre la voie à une nouvelle approche de la nutrition. Elle amène à ne plus voir l’intérêt nutritionnel d’un aliment sous le seul angle de sa richesse en vitamines, oligoéléments ou autres nutriments mais à considérer aussi la réaction de l’organisme en présence de cet aliment. Car cette réaction n’est pas neutre. Elle est corrélée ou pas avec les besoins nutritionnels de l’organisme selon que cet aliment est biocompatible ou ne l’est pas. La prise en compte de la biocompatibilité des aliments permet d’envisager la régulation alimentaire sans se préoccuper de considérations diététiques, lesquelles dépendent de l’état des connaissances et peuvent faire débat. Elle permet une régulation alimentaire beaucoup plus précise et personnalisée qu’une prescription car c’est l’organisme lui-même qui dirige et contrôle la prise alimentaire en fonction de ses propres besoins du moment. Une régulation qui développe la sensibilité olfactive et gustative. Le plaisir pris à table n’est plus dangereux, ni addictif. Il cesse d’être une source de tiraillements, du genre « Ça me fait envie mais il ne faut pas ». Il est au contraire un guide : « J’aime, donc c’est bon pour moi ». Le plaisir est ainsi fortement valorisé. Se nourrir biocompatible est juste une habitude à prendre quant au choix des aliments et à la façon de les préparer. Ce n’est en rien assimilable à un régime avec ses obligations et ses interdits. C’est une habitude qui s’acquière facilement alors même qu’elle bouscule certains à priori.


La malnutrition dans les pays industrialisés

Comment mangeaient les hommes préhistoriques ? Alimentation et Nutrition.

Paléopathologie - Les maladies de la préhistoire

Comment l’odorat influence le choix des aliments

Sensations hédoniques impliquées dans le contrôle de la prise alimentaire chez l'homme : alliesthésie alimentaire et Rassasiement sensoriel spécifique

lundi 27 janvier 2014

Quoi de neuf du côté des OGM ?

La bataille entre pro et anti OGM fait rage depuis de nombreuses années. D’abord à l’avantage des pro largement soutenus par l’industrie, elle semble aujourd’hui tourner à celui des anti. Les conséquences de l’usage à grande échelle de produits chimiques en agriculture créent un précédent qui appelle à la prudence à l’égard des OGM. Qui aurait imaginé au milieu du siècle dernier les conséquences écologiques de la dispersion dans la nature de produits chimiques ? Le bilan est consternant : produits toxiques qui s’accumulent dans notre sang et dans la chair des poissons que nous mangeons, abeilles qui disparaissent, biodiversité en danger. Qui, aujourd’hui peut affirmer que la dispersion de plantes ou d’animaux génétiquement modifiés n’aura pas de conséquences tout aussi fâcheuses sur l’environnement ? Les techniques de sélection classiques ont déjà un impact négatif significatif quant à la qualité nutritionnelle des fruits et légumes, qu’en sera-t-il avec les OGM ? Les opinions publiques semblent avoir bien compris ce message que des scientifiques sceptiques ont su relayer. L’opposition aux OGM gagne toutes les régions du monde et ne cesse de s’amplifier. L’actualité de ce début d’année en fournit quelques exemples que vous retrouverez sur le site infoGM Le 9 janvier, le gouverneur de l’état du Maine aux Etats-Unis, Mr Lepage, a signé la loi qui rend obligatoire l’étiquetage des OGM. C’est le second état qui permet aux consommateurs de choisir de soutenir une agriculture sans OGM. L’état du Connecticut avait adopté une telle réglementation en 2013 mais avait conditionné sa mise en application à l’adoption de telles lois dans cinq autres états. Les campagnes citoyennes en faveur de l’étiquetage, déjà très actives, vont prendre de l’ampleur.

Quelques jours plus tôt, l’entreprise General Mills annonçait que les céréales Cheerios ne contiendraient plus d’OGM. Cette décision a été prise dans une perspective économique, considérant que les consommateurs ne souhaitaient pas d’OGM. Le porte-parole avait précisé qu’il ne voyait aucun danger dans les plantes génétiquement modifiées actuellement commercialisées, et que l’entreprise n’allait pas retirer les OGM de l’ensemble de ses produits. Malgré tout, ces deux décisions semblent indiquer que même aux Etats-Unis, premier pays producteur au monde, les OGM n’ont pas le vent en poupe.

Le 13 décembre 2013, le conseil d’état Turc a suspendu les autorisations d’importer deux maïs transgéniques, le MON810 et le MON810xMON88017. La coalition « Non aux OGM », active depuis 2004, avait attaqué en justice le ministère de l’agriculture et de l’élevage pour que soit annulée l’autorisation d’importer deux maïs transgéniques destinés à l’alimentation du bétail. Greenpeace Méditerranée, dans son communiqué de presse, se réjouit de cette décision, demande au gouvernement de réévaluer l’ensemble des OGM déjà autorisés, et, en attendant, de suspendre les autres autorisations délivrées, à savoir 14 maïs GM et 3 sojas GM. En effet, le Conseil d’État a considéré que les deux autorisations suspendues violaient la Constitution turque (article 56), la loi sur la biosécurité (loi 5977), et le principe de précaution présents dans les textes nationaux et dans les traités internationaux.

Le 13 décembre encore la première chambre du Tribunal de la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) a annulé les deux autorisations de commercialisation données en 2010 à l’entreprise BASF pour la pomme de terre transgénique Amflora. Répondant à une procédure engagée par la Hongrie et soutenue par quatre Etats membres dont la France, le Tribunal a jugé que la Commission européenne avait violé la réglementation sur les OGM en ne consultant pas les Etats membres. La Commission européenne se voit donc condamnée pour la deuxième fois en très peu de temps sur des questions de procédure liées à l'autorisation des PGM (Plantes Génétiquement Modifiées). En effet, elle a été reconnue coupable le 26 septembre 2013 de non-respect des délais de procédure dans une autre affaire portée par Pioneer sur le maïs TC1507. Et si la première condamnation a relancé la procédure d'autorisation du maïs TC1507, la seconde débouche sur l'annulation d'une autorisation donnée il y a trois ans. Mais cette dernière décision n'aura pas de conséquences dans les champs, la pomme de terre Amflora ayant été un échec commercial et n'étant plus cultivée en Europe.

Enfin, en marge de cette lutte contre les OGM, une autre bonne nouvelle vient d’arriver, celle de l’engagement, pris le 22 janvier, par le gouvernement auprès de la confédération paysanne de présenter un amendement afin que soient exclues les semences de ferme de la prochaine loi contre les Contrefaçons. Une revendication des agriculteurs pour leur permettre de produire leurs propres semences et ne pas systématiquement dépendre des semenciers. Cette loi constituera un frein supplémentaire au développement des OGM. Elle est aussi de nature à favoriser la diversification des variétés cultivées et le retour des variétés plus anciennes qui se ressèment facilement sans perdre leurs qualités. Or ce sont justement ces variétés qui sont souvent les plus nutritives et les plus appréciées des amateurs de nourritures crues.

Le site d'information sur les OGM : Inf’OGM
L’exception agricole sera inscrite dans la Loi contrefaçon