dimanche 31 août 2014

La figue, une gourmandise divine

source wikipedia
Voici venir la fin de l’été et, avec elle, les premières figues d’automne. La délicieuse figue gorgée de soleil est le fruit d’un arbre emblématique du pourtour méditerranéen. Teb pour les Egyptiens, Mgys pour les Perses, Caprificus pour les Romains, Ettin pour les Arabes, le figuier est un arbre robuste, vigoureux, prolifique. Son histoire est celle d’un arbre qui a nourri les humains et ses animaux avec constance et générosité durant de nombreux millénaires. Une histoire qui commence avant même celle du blé. Lors de fouilles archéologiques, en 2006, dans la vallée du Jourdain en Palestine, neuf figues parthénocarpiques ont été découvertes. Ces figues ne produisant pas de graines ont été obtenues en recourant à des boutures, technique que seuls des humains ont pu mettre en œuvre. Preuve que, mille ans avant celle du blé, les populations humaines du Moyen-Orient maitrisaient la culture du figuier. Celui-ci est présent dans de nombreux cultes comme celui de Déméter, déesse de l’agriculture. En Égypte il était considéré comme un don des dieux pour sa prodigalité. La tradition romaine veut que Romulus et Remus, les deux frères fondateurs de Rome, fussent trouvés sous un figuier en compagnie de la louve. Peu exigeant, il sera largement cultivé par les Égyptiens, les Hébreux, les Perses. Les Grecs et les Romains faisaient une large consommation de figues fraîches comme de figues séchées : du temps de Pline, on en comptait déjà 29 espèces différentes.

Un mode de reproduction atypique

Au sens botanique du terme, la figue n’est pas un fruit mais une inflorescence dont la particularité est que les fleurs sont à l’intérieur. Selon les variétés, les figues sont soit autofertiles, soit fécondées par un insecte, une sorte de guêpe, qui pénètre dans la figue par un petit orifice situé à sa base. Les figuiers autofertiles peuvent fructifier partout en France tandis que ceux qui sont fécondés nécessitent un climat méditerranéen. La complexe reproduction sexuée de la figue est remarquablement expliquée avec photos à l’appui sur le site internet de l’université de Jussieu. (voir ici)

Un trésor de bienfaits

Les figues ont un pouvoir antioxydant très élevé. Elles contiennent des composés phénoliques de la famille des flavonoïdes, ainsi que de petites quantités de caroténoïdes dont les plus abondants sont le lycopène, suivi de la lutéine et du bêta-carotène. La pelure des figues, qui est habituellement consommée, concentre la majorité des antioxydants du fruit. Selon certaines études, les figues fraîches auraient un pouvoir antioxydant plus élevé que les figues séchées. En effet, certains composés phénoliques contenus dans les fruits frais peuvent être détruits ou convertis en des formes non antioxydantes si la température de séchage est trop élevée. Pour conserver toutes leurs qualités nutritives, la température de séchage des fruits ne doit pas excéder 35°C. Or la plupart des fruits séchés vendus dans le commerce sont séchés à une température de 70°C. Les figues fraîches et séchées contiennent environ 30 % de fibres solubles et 70 % de fibres insolubles. Une dizaine de figues séchées suffisent pour fournit les apports quotidiens recommandés en fibres. Une alimentation riche en fibres est associée à un plus faible risque de cancer du côlon. Les fibres solubles contribuent à normaliser les taux sanguins de cholestérol, de glucose et d'insuline. Quant aux fibres insolubles, elles aident à maintenir une fonction intestinale adéquate. Noires, vertes ou violettes, les figues renferment une étonnante quantité de minéraux tels que le potassium, le calcium, le manganèse ou le fer.

La figue est un fruit contrasté.

Son goût mielleux et subtilement croustillant est irrésistible. Il surpasse largement les meilleures confitures. La figue offre en bouche une jouissance absolue, fougueuse et sauvage mais totalement maitrisée par une satiété franche qui pimente la chair moelleuse jusqu’à la rendre brulante. C’est aussi à cela que l’on reconnait la vraie valeur d’un fruit, à ce contraste entre succulences généreuses, enivrantes lorsque le corps le réclame et insipidités virulentes qui émergent dès que les besoins sont comblés. La vraie valeur d’un fruit ne se limite pas à la diversité et à la teneur de ses nutriments. Encore faut-il que notre organisme réagisse correctement à ce fruit, qu’il nous attire vers ce fruit et nous en fasse jouir pour être en mesure d’en extraire les nutriments dont il a besoin, qu’il nous en détourne dès que ça suffit. C’est là une règle d’or de la diététique naturelle. Une règle universelle partagée par tous les êtres vivants de la planète. Une règle que vous pouvez expérimenter en mangeant des figues. Une règle que la cuisine permet d’enfreindre avec toutes les conséquences que l’on connaît. Mais ça, c’est une autre histoire.


Université de Jussieu : La complexe reproduction sexuée du figuier

Cultiver des figuiers en région froides
 
Dietary intake of fruits and vegetables and risk of cardiovascular disease.

Health effects of vegetables and fruit: assessing mechanisms of action in human experimental studies.

Dietary antioxidant flavonoids and risk of coronary heart disease: the Zutphen Elderly Study.

The total antioxidant content of more than 3100 foods, beverages, spices, herbs and supplements used worldwide.
 
Early Domesticated Fig in the Jordan Valley