mardi 15 novembre 2011

Téléthon, Sidaction, Arc, ... : Pourquoi donner encore ?

Chaque année de grandes mobilisations médiatiques sollicitent notre générosité en faveur de la recherche médicale. Pour quel résultat ? Certes la recherche avance, mais dans quelle direction ? Je ne m’étais jamais posé la question jusqu’à ce que je découvre les propos du professeur Luc Montagnier, celui-là même qui découvrit le virus du sida en 1983, propos qu’il tient depuis de plusieurs années et dont aucun média ne s’est jamais fait l’écho.

Ce que dit le professeur Luc Montagnier ? Tout simplement qu’il serait possible de se débarrasser du sida « en quelques semaines », en renforçant son système immunitaire par une alimentation riche en anti-oxydants. Alors que tous les grands médias ont récemment fait leur une sur la guérison d’un malade du sida grâce à un protocole thérapeutique complexe et difficilement généralisable, aucun d’entre eux n’a jamais relayé les propos tenus par celui qui est aujourd’hui président de la Fondation mondiale pour la recherche et la prévention du sida à l’Unesco.

Ainsi, contrairement à ce que l’on croit, le sida ne serait pas une maladie fatale, incurable : « On peut être exposé au VIH plusieurs fois sans être infecté de manière chronique. Si vous avez un bon système immunitaire, il se débarrassera du virus en quelques semaines » dit en substance le professeur Montagnier. Etonnant que de tels propos, répétés et assumés depuis plusieurs années par un des plus grands spécialistes mondiaux du sida, n’aient aucun écho dans les médias. Des milliers de gens continuent de souffrir de cette maladie terrible, même chez nous en France, alors qu’il suffirait peut-être qu’ils améliorent leur alimentation pour s’en sortir. En effet, les propos du professeur Montagnier sont sans équivoque : « beaucoup de personnes présentent les symptômes d’un stress oxydant » liés à une carence en antioxydants. Et lorsque le journaliste qui l’interviewe lui pose la question « Comment se recharger ? En consommant d’abord des légumes et des fruits? », la réponse est immédiate : « Oui, des légumes et des fruits frais surtout »

Pourquoi lors de ces grandes messes médiatiques ne parle-t-on que de recherche pour la mise au point d’un vaccin ou d’un médicament ? Pourquoi ne profite-t-on pas de ces moments de générosité pour faire de la pédagogie, expliquer ce qu’est le stress oxydatif, comment il affaiblit les défenses immunitaires, en quoi il est lié à l’alimentation, plutôt que de nous servir des séquences émotions ? Pourquoi ces scientifiques, si volubiles lorsqu’ils sollicitent nos dons, n’expliquent-ils pas que la lutte contre la maladie passe aussi par une hygiène de vie qui ne se limite pas à l’usage du préservatif ?

Lorsqu’on les interroge sur ce sujet, beaucoup de scientifiques, notamment les plus impliqués dans la recherche sur ces maladies répondent benoîtement : « Le sida ? Mais c’est un virus, cela n’a rien à voir avec l’alimentation ! » ou bien « La myopathie est une maladie génétique, aucun rapport avec l’alimentation ! ». S’il est vrai que l’alimentation n’apparaît pas comme une des causes principales, est-elle pour autant hors de cause ? Ne peut-elle pas constituer un facteur aggravant voire déclenchant ? N’est-ce pas dans la nourriture que notre organisme trouve l’énergie, les matériaux et les outils dont il a besoin pour se construire, fonctionner, évoluer, se renouveler et se réparer ? Enzymes, oligo-éléments, vitamines, fructoses, sucres, lipides, molécules chimiques, bactéries et des milliers d’autres micro-nutriments encore inconnus concurrent à la reproduction des cellules et de leurs ADN, à l’entretien de notre système immunitaire, à la production des neurotransmetteurs qui assurent notre équilibre psychologique. Comment peut-on écarter d’emblée, comme semblent le faire de nombreux scientifiques, la responsabilité de l’alimentation dans la genèse des maladies ? Pour ce qui est du sida, les propos du professeur Montagnier semblent bien la corroborer. Il évoque dans les interviews des études qui établissent un lien avec l’alimentation. Par ailleurs, une étude très récente vient de démontrer que l’alimentation peut modifier l’expression des gènes et par voie de conséquence être impliquée dans la survenance de maladies génétiques (voir ici). Une autre étude tout aussi récente vient montrer que des gènes modifiés de plantes OGM passent dans les organismes des animaux qui les consomment et restent actifs puisqu’ils modifient la synthèse des protéines (voir ici).

Ce ne sont là que quelques exemples. Un scientifique un peu curieux pourra en trouver d’autres. Dans ces conditions, est-ce bien utile de donner au Téléthon, au Sidaction, à l’Arc et autres grandes associations médiatiques au profit d’une recherche médicale exclusivement focalisée sur la mise au point de vaccin ou de médicaments ? Cela revient in fine à faire le jeu des fabricants. Qu’un médicament vienne à être mis au point, ce sont eux qui le commercialiseront et en tireront profit sans avoir eu à supporter les investissements nécessaires pour cela. Rien que pour le téléthon, depuis qu’il existe, le montant total des investissements en recherche qui n’auront pas grevé les comptes de l’industrie pharmaceutique doit largement dépasser le milliard d’euros alors même qu’elle distribue chaque année aux actionnaires des sommes qui sont souvent du même ordre de grandeur. Vos dons servent à financer des recherches auquel l’industrie pharmaceutique ne consentirait pas parce que le retour sur investissement est trop aléatoire. Et force est de constater qu’elle n’a pas tord. Après plus de 20 ans et des sommes considérables englouties on attend toujours les vaccins et/ou médicaments « miracles » qui éradiqueraient ces maladies. Quand aux solutions de prévention plus simples et moins coûteuses comme celles que propose le professeur Montagnier, elles « ne sont absolument pas financées. Ça dépendrait des gouvernements locaux qu’elles le soient. Mais ces gouvernements prennent leurs décisions à partir de l’action de « conseillers scientifiques » et de lobbies : autant dire qu’on ne leur en parle pas souvent… » Certes, en l’occurrence il parle des gouvernements des pays africains, mais les lobbies pharmaceutiques sont très présents et très actifs partout ou leurs intérêts sont en jeu. Il suffit de consulter le tableau de la légion d’honneur pour s’en rendre compte (voir ici).

Certes les médicaments sont utiles, parfois indispensables même, la question n’est pas là. Le problème, c’est qu’ils nous sont trop souvent présentés comme la seule voie de guérison, confortant l’idée que la maladie est une fatalité, une erreur de la nature que le médicament, expression du génie humain, peut seul corriger. Cette vision réductrice de la réalité néglige le terrain sur lequel se développe une maladie et déresponsabilise les patients, réduits à l’état de simples consommateurs. Cela convient peut-être tout à fait à l’industrie pharmaceutique, sans doute aussi à l’industrie agro-alimentaire, mais pas aux finances de la sécurité sociale. Tant que la recherche se bornera à une approche curative, tant qu’elle négligera l’approche préventive, donner est une absurdité, pire, un non-sens économique. C’est de l’argent gaspillé qui, au mieux, aboutira à la mise au point de médicaments coûteux, aux effets secondaires improbables. L’affaire du médiator a montré combien les enjeux économiques peuvent conduire à exagérer les avantages et à sous-estimer, voire cacher les inconvénients d’un nouveau médicament.

« Que ton aliment soit ton seul médicament » disait Hippocrate. Selon ce que l’on mange, on reste ou pas en bonne santé, on vit ou on se dévitalise. On sait depuis longtemps que l’alimentation moderne est trop salée, trop sucrée, trop grasse, trop carnée. On sait que cette alimentation déséquilibrée, chargée d’additifs chimiques et de résidus de produits chimiques agricoles est néfaste pour la santé. Pourtant, hormis quelques études de cohortes comme SUVIMAX ou NUTRINET, la nutrition est peu étudiée. Elle demeure le parent pauvre des thèmes de recherche scientifique. Comment, dans notre société, nous nourrir et nourrir nos enfants correctement ? Cette question que tout le monde se pose, les scientifiques n’y répondent pas clairement et laisse le champ libre au business diététique qui, sur la base de résultats partiels et parfois erronés, inventent toutes sortes de produits ou de régimes. C’est à la science de dire quels sont les aliments les mieux adaptés à notre physiologie et sous quelle forme il est préférable de les consommer. C’est à elle de nous dire ceux qui correspondent le mieux à notre patrimoine génétique, ceux qui nous protègent le mieux des maladies, ceux qui peuvent éventuellement nous guérir, ceux enfin qui peuvent nous apporter bien être et plaisir sans nuire à notre santé.

C’est cette science là qui doit progresser, celle pour laquelle il serait utile de donner. La générosité est noble mais tant qu’il n’existera pas d’association de recherche qui s’intéresse à la santé plutôt qu’au soin, réservez là à d’autres causes.


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